L’Ademe n’est pas la seule agence en France à contribuer à la mesure de l’impact environnemental du numérique. L’Arcep réalise elle aussi son enquête et vient ainsi d’en publier la quatrième édition – dont le périmètre s’étend année après année.
Outre les 4 principaux opérateurs, le régulateur des télécoms en France collecte des données auprès de fabricants de terminaux, opérateurs de datacenters et désormais les équipementiers de réseaux mobiles.
Et sans véritable surprise, le bilan est donc à une hausse de l’impact écologique du numérique pour cette industrie.
Plus de datacenters et plus grands
Les données des hyperscalers le signalaient déjà. L’Arcep le confirme : les émissions des centres de données augmentent année après année. Et la tendance est à la hausse des implantations de datacenters sur le territoire.
Plug, baby, plug, annonçait le président Macron lors du Sommet pour l’IA en février. “Depuis 2020, l’implantation de nouveaux centres de données s’intensifie, se concentre en Ile-de-France et concerne des centres avec des capacités informatiques de plus en plus importantes”, note l’Arcep.
Cette tendance a pour conséquence une augmentation des émissions de GES de 11% en 2023. La consommation d’électricité progresse elle de 8%. En comparaison, le tertiaire enregistre un recul de sa consommation.
Une consommation d’eau en hausse depuis 2 ans
Plus d’électricité pour les centres de données, mais aussi plus d’eau : 681 000 m3 en 2023. Mais selon l’étude, le niveau “reste modeste au regard des volumes prélevés pour d’autres usages.” Il n’en demeure pas moins en forte augmentation depuis 2 années consécutives (+19% en 2023).
Les opérateurs télécoms se montrent-ils plus vertueux ? La réponse est non et l’explication est simple : la croissance des usages numériques. Sur la période, les émissions de GES en France reculaient de 5,8% tandis qu’elles gagnaient 4% chez les opérateurs.
La consommation d’eau et d’électricité progresse dans les télécoms. Sur les réseaux mobiles, le rythme de croissance est néanmoins plus modéré. Cela s’explique par le ralentissement du déploiement de sites mobiles et de la consommation de données mobiles.
Recul sur les équipements réseaux, mais comportement inchangé
En ce qui concerne la fabrication des équipements de réseaux mobiles, elle représente 2,4 tonnes de métaux précieux et 79 000 tonnes équivalent CO2. La tendance est à la baisse. Toutefois, elle ne le doit pas à des comportements plus responsables.
“Cette baisse est principalement due à une réduction significative des ventes d’équipements, et non à une modification de la composition des produits”, explique l’Arcep. Cela vaut aussi pour les équipements numériques en général.
Les volumes diminuent, mais la taille des écrans continue d’augmenter. Et ce déclin des volumes tient à “de nombreux facteurs”, dont l’inflation et le déjà haut taux d’équipement.
Course énergivore à la taille des écrans
Les changements de comportement ne sont pas au rendez-vous. D’ailleurs, l’Arcep craint une reprise sur les achats de terminaux, notamment du fait de l’intégration de nouvelles fonctionnalités comme l’IA générative.
Les tailles d’écran progressent toujours, accroissant ainsi l’impact environnemental. En phase d’utilisation, les équipements dotés de grands écrans consomment davantage d’électricité, rappelle l’Arcep.
Un « téléviseur de grande taille consomme en moyenne six fois plus d’électricité qu’un modèle de petite taille, un écran d’ordinateur de grande taille consomme, en moyenne trois fois plus qu’un écran de petite taille.”