Le début d’année est difficile pour l’industrie du jeu vidéo. Les uns après les autres, les éditeurs constatent la chute de leurs revenus et envisagent des suppressions d’emplois, que ce soit chez l’américain Microsoft ou le chinois Tencent. Même tonalité chez Ubisoft, le français ayant annoncé, le 12 janvier, prévoir des ventes en recul « de plus de 10 % » pour l’exercice 2022-2023 par rapport à l’année précédente, mettant en avant « la détérioration des conditions macroéconomiques ». Autre élément négatif : le nouveau report du jeu « Skull and Bones », initialement prévu pour novembre 2022, tandis qu’Ubisoft a également indiqué avoir arrêté le développement de trois projets « non annoncés », en plus des quatre arrêts déjà communiqués en juillet 2022.
A cette situation s’ajoute une dégradation des relations au sein de l’entreprise. Vendredi 27 janvier, les salariés d’Ubisoft étaient appelés à un mouvement de grève par leurs syndicats pour dénoncer les pratiques managériales de la direction.
« Certains éditeurs avaient suranticipé la croissance du marché », interprète Charles-Louis Planade, analyste financier chez Midcap Partners. Effectivement, après deux années d’euphorie marquées par l’essor du divertissement à domicile durant les confinements liés à la pandémie de Covid-19, le jeu vidéo a connu une période de refroidissement en 2022, avec un recul du marché de 4,3 %, à 184 milliards de dollars (169,5 milliards d’euros), selon le cabinet spécialisé Newzoo. La tendance est encore plus marquée pour le secteur du jeu sur mobile (– 6,4 %), qui concentre à lui seul la moitié des revenus de l’industrie.
La reprise de l’inflation, les pénuries de semi-conducteurs qui ont pesé sur la production de consoles, la défiance grandissante à l’égard des valeurs technologiques justifient notamment cet état de fait. Si Newzoo mise sur une croissance moyenne annuelle du secteur de 3,4 % jusqu’en 2025 (contre 7 % en 2021), l’année 2023 devrait voir la filière repartir sur de nouvelles bases.
En 2022, le nombre des opérations de fusions-acquisitions s’est envolé, avec un record de 1 300 opérations, pour un montant total de 127 milliards de dollars, soit trois fois plus qu’en 2021, d’après le cabinet Drake Star. Cependant, la principale d’entre elles, le rachat annoncé en janvier d’Activision Blizzard par Microsoft pour un montant de 68,7 milliards de dollars, semble de plus en plus fragile.
Les autorités américaine, européenne et britannique de la concurrence se sont saisies de l’affaire et semblent prêtes à la faire capoter. Elle devait permettre à la maison mère de la Xbox de mettre la main sur des licences prestigieuses comme Call of Duty, World of Warcraft ou Candy Crush. En signe de bonne volonté, la firme de Redmond (Etat de Washington) a assuré que Call of Duty serait disponible pendant dix ans sur les plates-formes de Sony (PlayStation), Nintendo (Switch) et Steam. Sur le Vieux Continent, les arbitrages sont attendus au premier semestre 2023.
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