Les rapports des groupes d’experts se sont enchaînés ces derniers mois pour signaler l’urgence de réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES) sous peine d’une augmentation de la température moyenne à la surface du globe aux conséquences dévastatrices.
Les études, encore optimistes il y a quelques années sur notre capacité à réagir, se font plus alarmantes en soulignant que la situation est quasiment devenue irréversible.
Le seul champ d’action restant est de parvenir éventuellement à limiter l’intensité des épisodes climatiques dévastateurs auxquels nous n’échapperons pas dans les prochaines décennies.
La baisse des émissions de gaz à effet de serre d’origine anthropique reste une priorité dans la lutte contre le changement climatique, même si les promesses de réduction sont encore très loin de la réalité.
Le contexte actuel ne facilite pas les choses avec la crise de l’énergie qui conduit à relancer des centrales thermiques polluantes en Europe pour assurer malgré tout la production d’électricité mais les changements climatiques eux-mêmes conduisent à des surconsommations d’énergie (chauffage en hiver, climatiseur en été) qui freinent les efforts de réduction des émissions de GES
Un semestre perdu pour la baisse des émissions de GES
En France, la mise à l’arrêt de nombreux réacteurs nucléaires a eu un effet néfaste sur la réduction des émissions. Le Citepa, association chargée de suivre l’évolution de cet aspect de la lutte contre le réchauffement climatique, publie son baromètre et note que « les émissions de GES des six premiers mois de 2022 sont quasiment stables par rapport à celles des six premiers mois de 2021 (-0,6% de différence sur le semestre), au total tous secteurs hors puits de carbone« .
Source : Citepa
S’il s’agit encore de résultats provisoires, ils ne vont pas dans le sens de la promesse de la France de réduire de 40% ses émissions d’ici la fin de la décennie et qui est déjà inférieure aux attentes de l’Union européenne (-55%).
Moins de réacteurs nucléaires mais une météo plus douce
Pour le Citepa, il s’agit donc d’une « nouvelle très alarmante« . La hausse est en partie liée au secteur de la production d’énergie qui a connu une progression de 7,6% des émissions « en lien avec les nombreux arrêts de centrales nucléaires en 2022« .
Le domaine des transports est lui aussi en cause avec une progression des émissions de CO2 de 7%. La raison vient de la poursuite de l’effet post-pandémie de coronavirus, en partie contré par les hausses de prix de la crise énergétique.
D’autres secteurs, comme le bâtiment (-12,5%) et l’industrie manufacturière (-5,2%) ont connu de solides baisses des émissions mais la météo très clémente a pu jouer en réduisant les besoins de chauffage.