Le tribunal judiciaire de Paris a ordonné, jeudi 12 septembre, le blocage d’une centaine de noms de domaine liés au site de téléchargement illégal Z-Library, a appris l’Agence France-Presse. Le Syndicat national de l’édition (SNE), qui regroupe 725 maisons d’édition françaises dont Albin Michel ou Fayard, avait intenté en juillet une action judiciaire contre cette immense bibliothèque pirate en ligne, l’accusant de porter atteinte au droit d’auteur. Les fournisseurs d’accès à Internet – Bouygues Telecom, Free, Orange et SFR – doivent à présent bloquer ces sites.
Z-Library répertorie des millions de livres et d’articles, diffusés sans l’autorisation des auteurs et dont les usagers peuvent en télécharger les scans gratuitement. La plate-forme, sans publicité, vit uniquement de la générosité de ses donateurs. Le SNE avait déjà obtenu, en août 2022, le blocage de 209 noms de domaine liés au site, mais de nouveaux sites miroirs réapparaissent en permanence. Le représentant des éditeurs français a donc demandé cette fois-ci l’interdiction de 98 nouveaux liens, identifiés notamment par la société spécialisée LeakID.
Les administrateurs présumés du site en fuite
Selon L’Informé, le SNE dénonçait dans son assignation datée du 21 mai le « préjudice considérable » qu’engendrait Z-Library au secteur. « Le piratage de livres porte atteinte à la rémunération des créateurs : auteurs et éditeurs, déclarait, par ailleurs, déjà le syndicat en 2022 dans un communiqué. Il constitue une menace pour l’ensemble de l’écosystème du livre. » Le manque à gagner est cependant difficile à chiffrer en France, où les livres numériques représentent un peu moins de 10 % des ventes, selon des chiffres diffusés par le SNE.
« Nous considérons que le droit d’auteur, dans sa définition actuelle, est utilisé comme un outil pour restreindre l’accès à la connaissance », répondait au début du mois l’équipe de Z-Library au quotidien Ouest-France. Le site assure qu’il « ne [fait] pas la promotion du piratage. Le travail des auteurs et des éditeurs devrait être rémunéré et apprécié. »
En novembre 2022, les Etats-Unis avaient fait arrêter en Argentine deux personnes, les Russes Anton Napolsky et Valeriia Ermakova, pour violation du droit d’auteur, fraude numérique et blanchiment d’argent. Suspectés d’être à la tête du site, ils avaient été assignés à résidence dans l’attente d’une décision d’extradition, mais ils se sont évadés, a révélé en mai le quotidien argentin La voz del interior. Ils sont depuis en fuite.