La bataille des berlines électriques se situe désormais à des hauteurs inédites en matière d’autonomie. Pour prétendre au statut de grande routière électrique, il convient désormais de planer autour des 700 km de rayon d’action. C’est le cas de la dernière pépite de Mercedes, une CLA qui s’est fait attendre mais qui affiche fièrement une homologation WLTP de 790 km avec une seule charge. Est-ce pour autant synonyme d’une réussite totale ? Suffit-il de doter son bolide d’une grande batterie et d’une forte capacité de recharge pour dominer la bataille de la grande autonomie ?
Pour le savoir, nous avons pris le volant de cette berline aux lignes soignées dans un périple qui nous a menés de Venise à Munich. Au programme : de la route, beaucoup, avec un mix capable de mettre au sol n’importe quelle batterie un peu trop tendre. Autoroute pour tester l’efficience, Autobahn pour écraser la pédale d’accélérateur, sections urbaines pour revenir à la raison, réseau secondaire pour s’amuser et, surtout, de la montagne avec les impressionnantes Dolomites au cœur de notre itinéraire.
Design : sportive et élégante
Cette troisième génération du coupé quatre portes reprend la finesse des lignes de ses prédécesseurs tout en ajoutant quelques touches de nouveautés qui seront diversement appréciées. Il en va ainsi de la nouvelle calandre éclairée qui imite une constellation d’étoiles Mercedes. Les poignées affleurantes, la chute de pavillon tout en douceur ainsi que les portes sans encadrement participent également du positionnement plutôt premium de l’ensemble.

Cette silhouette très profilée n’a pas pour seul objectif de souligner la dimension sportive du CLA, elle participe également à son aérodynamisme. Avec un Cx de 0,21, la berline de Mercedes fait partie des meilleures de sa catégorie dans le domaine, et, nous le constaterons rapidement au cours de notre essai, ce coefficient de trainée contribue aussi à la bonne gestion de sa batterie.

Côté dimensions, le CLA a gagné 3,5 cm (4,72) pour arriver à la même taille exactement que l’une de ses rivales annoncées : la Tesla Model 3. Côté empattement, le gain est estimé à 6 cm, ce qui va permettre de gagner un peu de place, notamment à l’arrière.

En définitive, Mercedes n’a pas fait de folie avec l’esthétique de son CLA s’inscrivant parfaitement dans la lignée des derniers modèles électriques de la marque. Mais elle va aussi un peu plus loin avec un côté légèrement tape-à-l’œil qui engendrera des appréciations contrastées.
Mercedes CLA : un monstre de technologie
Ce n’est évidemment pas visible au premier coup d’œil, mais la CLA est un petit bijou de technologie. À cet égard, sa fiche technique est évidemment plus parlante. Fort heureusement, cette maîtrise technique est mise au service du conducteur et de ses passagers.

En effet, le point le plus notable concerne la plate-forme du CLA, une MMA déjà connue chez Mercedes, certes, mais pour la première fois en 800V. Ce qui change, ce sont les temps de charge rapide nettement plus réduits et pour cause, la berline de Mercedes annonce une puissance de charge démente à 320 kW, ce qui se traduit par un 10% à 80% de batterie en à peine plus de 20 mn.
Ce moteur est couplé à une batterie NMC de 85 kWh qui reprend en partie le travail effectué sur le prototype EQXX, le monstre d’autonomie que nous avions pu essayer quelques mois après sa présentation.

L’autre argument massue de la CLA, c’est sa boîte de vitesses à deux rapports. Cette fonctionnalité, qu’on retrouve habituellement sur des modèles nettement plus sportifs, chez Porsche ou Audi notamment, permet à Mercedes, sur un véhicule qui, rappelonsle, devrait très rapidement incarner son entrée de gamme électrique, d’afficher une efficience très élevée, notamment sur autoroute. Toujours côté mécanique, on retrouve sur la berline de Mercedes un freinage entièrement électrique (by wire) qui offre selon le constructeur une meilleure récupération d’énergie.
Habitacle : le CLA côtoie le meilleur et le moins bon
De technologie, il en est aussi question dans l’habitacle, où elle est présente partout ou presque. Non seulement le CLA inaugure une planche de bord à triple écran, dite Superscreen, mais il embarque également la dernière version de MB OS qui fait évoluer l’interface et qui permet de télécharger une sélection d’applications issues du store Mercedes.

Précisons également que lorsque l’écran passager n’est pas de la partie (c’est une option chez Mercedes), il est remplacé par une pièce en plastique qui reprend le motif étoilé de la calandre. Cet affichage est complété d’une partie audio signée Burmeister et composée de 16 haut-parleurs pour un rendu sonore des plus réussis. Sur ce point, Mercedes, qui dispose également dans sa gamme de modèles compatibles Dolby Atmos, fait figure de référence.

Le point d’orgue de ce nouveau MB.OS se trouve dans les aides à la conduite et dans ce que Mercedes appelle « Surround navigation ». Il s’agit d’une technologie que les amateurs de Tesla connaissent plutôt bien puisqu’elle permet de scanner l’environnement immédiat du véhicule pour apporter ces informations aux conducteurs. Celle-ci vient se coupler avec les autres aides à la conduite du CLA pour offrir, en théorie, un cocktail assez détonnant en matière d’environnement de conduite. Pourquoi en théorie ? Parce que lors de notre essai, sur des modèles de pré-série, nous avons constaté plusieurs petits ratés des ADAS de Mercedes. Le constructeur, habituellement impeccable sur ce point, semblait un peu moins à l’aise sur ces premières versions de son coupé.
Bien entendu, ce type de petits bugs est récurrent sur les modèles de pré-série, mais nous ne manquerons pas de remettre la main sur une CLA dans les prochains mois afin de vérifier le bon fonctionnement des modèles commercialisés.

De manière générale, l’habitacle de Mercedes est assez réussi, même s’il pourrait apparaître quelque peu clinquant par ailleurs. Nous regretterons tout de même le choix de certains plastiques et autres touches à retour haptique qui ne sont pas du meilleur effet sur un modèle premium.
Performances en conduite : sportive « légère »
Plaisante à regarder, bluffante sur l’aspect technique, c’est bien sur la route que le CLA a fini de nous convaincre. D’abord avec son comportement dynamique, ensuite avec ses performances énergétiques. Tout commence avec la position de conduite, tout simplement impeccable. Elle permet de prendre la mesure d’une direction assez joueuse et d’un châssis qui maîtrise avec précision ses mouvements de caisse. Sur ce point, l’écart avec une Tesla Model 3, à laquelle le CLA sera sans cesse opposé, est considérable.

Mais il n’y a pas qu’en conduite sportive que le CLA s’illustre. L’éco-conduite est également bien fournie avec quatre modes de régénération disponibles, dont un automatique que nous avons privilégié tout au long de notre parcours. À l’aide de la navigation intelligente de Mercedes, il anticipe les aléas de la route (feux tricolores, intersections, etc.) pour optimiser les phases de récupération. Ce système contribue lui aussi à la bonne gestion de la batterie du CLA.
Autonomie et recharge : là où Mercedes fait la différence
Jusqu’à 790 km d’autonomie, sur le papier la batterie de 85 kWh de Mercedes fait des prouesses. Cette valeur est assurément conséquente mais de plus amples batteries offrent de moins bonnes performances sur des modèles concurrents. Comment expliquer les chiffres annoncés par Mercedes ?

Il convient d’abord de parler de chimie de batterie. Celle du CLA est faite d’une nouvelle génération NMC dotée de cellules équipées d’anodes qui associent oxyde de silicium et graphite. Cette combinaison permettrait à Mercedes d’améliorer la densité de sa batterie NMC de l’ordre de 20 %. Ainsi, les différentes version du coupé quatre portes permettraient de parcourir entre 694 et 790 km. Cela en attendant une version plus accessible du CLA, « seulement dotée » d’une batterie de 58 kWh, LFP cette fois, dont les performances seront particulièrement surveillées. Celle-ci devrait arriver en octobre 2026.
Toujours est-il que cet accumulateur, associé à tout le travail d’aérodynamique et à une optimisation de la gestion de la batterie, nous a permis de parcourir les 631 km de notre périple avec une consommation probante de 17,1 kWh. Certes, cette consommation est plus élevée que celle annoncée par le constructeur, mais elle doit être analysée au regard de l’itinéraire de cet essai. Le parcours autoroutier, puis largement montagneux de notre périple n’a pas joué en faveur d’une consommation record, nos pointes à plus de 230 km/h sur l’autoroute allemande non plus… Pourtant, malgré cette propension à rouler sans se soucier de l’autonomie, nous sommes parvenus à un résultat très satisfaisant.

Ce bilan est complété d’excellentes capacités de recharge. Nous l’avons vu, la plateforme 800V du CLA lui permet d’encaisser une puissance de charge de 320 kW, cela pourrait se traduire par une capacité à récupérer jusqu’à 325 km d’autonomie en 10 minutes de charge. L’alliance de cette vitesse de charge et de cette autonomie dantesque fait du CLA, tout simplement, l’une des meilleures routières électriques du marché.
Quel est le prix du CLA ? Peut-il rivaliser avec la Model 3 ?
Avec un bilan largement positif, le Mercedes CLA prétend tout simplement à devenir la référence des berlines électriques. Sur sa route, il y a bien sûr une certaine Tesla Model 3, mais aussi une BMW i4 et une Audi A6 e-tron légèrement plus chères.

Vendu à partir de 53 450 euros, et même 58 200 euros dans sa version AMG Line, le CLA ne manque pas d’arguments pour justifier l’écart de prix avec une Model 3 qui n’a jamais été aussi accessible. Mais si les performances, l’autonomie, la charge et le design sont en faveur de Mercedes, on pourra tout de même regretter que la marque à l’étoile n’enfonce pas le clou en matière d’équipement et de finitions. Sur ce point, la politique d’options de la marque allemande bute sur la stratégie de ses concurrents, qu’il s’agisse de Tesla ou même d’un BYD Seal qui consistent à fournir systématiquement des véhicules mieux dotés et pas beaucoup moins soignés dans leur conception intérieure.
Sans doute Mercedes estime-t-elle que son blason justifie ce surcoût, mais les consommateurs pourraient bien ne pas être de cet avis.
Verdict du test :
N’y allons pas par quatre chemins, la Mercedes CLA est l’une des meilleures voitures électriques que nous avons testées cette année. Dans cette gamme de prix (et au-delà), seule l’Audi A6 e-tron semble rivaliser avec la berline coupé. Le chemin parcouru par Mercedes est impressionnant pour réussir une telle descente en gamme depuis un EQS qui fait certes figure de référence chez les routières mais à des niveaux tarifaires stratosphériques. La CLA ne navigue pas dans ces eaux-là. À l’échelle d’une Mercedes électrique, elle pourrait même être qualifiée d’« abordable ». Et pourtant, elle concentre tout ce qui fait une belle routière : le style, les performances, l’autonomie et même une puissance de recharge record pour parfaire un bilan de très haute volée.
👉🏻 Suivez l’actualité tech en temps réel : ajoutez 01net à vos sources sur Google Actualités, abonnez-vous à notre canal WhatsApp ou suivez-nous en vidéo sur TikTok.