Le JPL, bras armé de la NASA, se sépare de 550 employés. Une restructuration officielle qui peine à masquer des tensions budgétaires profondes.
C’est un véritable séisme qui secoue le Jet Propulsion Laboratory (JPL) de la NASA. Le couperet est tombé ce mardi 14 octobre : 550 employés, soit environ 11% des effectifs, ont été licenciés. La nouvelle, bien que redoutée depuis des mois, a créé une onde de choc au sein de ce centre de recherche mythique de Pasadena, en Californie, berceau des rovers martiens et de tant de missions d’exploration emblématiques.
Si la direction évoque une manœuvre stratégique, l’ambiance sur le campus est, elle, décrite comme apocalyptique. Derrière les discours officiels se cache une réalité bien plus sombre, faite de batailles budgétaires et de programmes vitaux mis en péril.
La version officielle : une restructuration inévitable
Pour Dave Gallagher, le nouveau directeur du JPL, cette décision, « bien que difficile, est essentielle pour assurer l’avenir du JPL ». Dans un communiqué diffusé le 13 octobre, il explique que ces licenciements s’inscrivent dans une réorganisation plus large entamée en juillet. L’objectif est de créer « une infrastructure plus légère », se concentrer sur les « capacités techniques de base » et « maintenir la discipline budgétaire ».
Dans son discours, le directeur assure que cette vague de départs n’a aucun lien avec le « government shutdown » qui paralyse actuellement une partie de l’administration américaine. Pourtant, cette version officielle peine à convaincre, tant les signaux d’alarme se multiplient depuis près d’un an.
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La classe politique commence d’ailleurs à s’alarmer. La représentante Judy Chu, élue de la circonscription du JPL, parle d’une « tragédie absolue » et avertit que cette situation « menace l’avenir même du leadership américain dans l’exploration spatiale ».
Derrière le discours, la crise budgétaire et des programmes menacés
Il faut dire que ce n’est pas la première fois que le JPL coupe dans ses effectifs. C’est en réalité la quatrième vague de licenciements depuis début 2024, pour un total qui dépasse les 1 500 employés et sous-traitants remerciés en moins de deux ans. Une série noire qui contredit les promesses de l’ancienne directrice, Laurie Leshin, qui assurait en novembre dernier que les effectifs étaient désormais « stables ».
La véritable source d’inquiétude se trouverait dans le projet de budget présidentiel (PBR), qui prévoit des coupes drastiques pour la NASA. Des lanceurs d’alerte fédéraux affirment même que la direction de l’agence spatiale agit déjà comme si une coupe globale de 20% était actée.
Au cœur de la tourmente, on retrouve des missions aussi cruciales que Mars Sample Return, le programme de retour d’échantillons martiens, aujourd’hui menacé d’annulation. Selon Kevin Hicks, un ancien ingénieur du JPL, même le budget du rover Perseverance serait amputé des deux tiers, « juste assez pour qu’il continue de fonctionner techniquement sans subir le contrecoup médiatique d’une annulation pure et simple ». Au total, une quarantaine de missions spatiales sont aujourd’hui menacées d’annulation. Une situation qui ne risque pas d’aider la NASA dans son projet de gagner la deuxième course à l’espace.
Une ambiance de « fin du monde » au sein du laboratoire
Pour ceux qui restent, l’atmosphère est pesante. Sur les forums comme Reddit, la parole des employés et ex-employés se libère. L’un d’eux décrit une journée « très sombre », où « tout le monde semblait en deuil ». Un autre évoque un sentiment de « veille d’apocalypse » planant au-dessus de toutes les têtes.
Des équipes ont même pris une « dernière photo de groupe » devant le logo en béton du JPL, comme pour immortaliser la fin d’une époque. Entre la version officielle d’une restructuration stratégique et la réalité d’une crise budgétaire qui ne dit pas son nom, l’avenir du fleuron de l’exploration spatiale américaine s’écrit désormais en pointillés.
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Source :
Eos