Un spécialiste de la musique qui se lance dans le home cinéma, voilà un pari risqué. Avec sa barre de son Heston 120, Marshall attaque pourtant ce marché par le haut de gamme, avec un prix de lancement de 1 000 euros (disponible le 3 juin), soit exactement le même que celui de l’excellente Sonos Arc Ultra. Un signal fort pour la société qui a fusionné depuis 2023 son entreprise britannique historique créée en 1962 à l’origine des mythiques amplis guitare et Zound, la suédoise qui s’est chargée de la diversification vers le monde des enceintes et casques connectées depuis 2010 (dont les récents Emberton III et Monitor III ANC sont les dignes représentants).
C’est à l’occasion de ce lancement extrêmement important pour la marque que nous avons pu nous entretenir à son siège de Stockholm avec les ingénieurs qui ont développé l’appareil durant deux ans. L’idée de base est logique : pour entrer sur le marché très porteur des barres de son, Marshall ne devait pas abandonner son identité ; aussi bien auditive que visuelle. Le choix a donc été fait de concevoir un modèle évidemment compatible avec les standards audio home cinéma actuels (Dolby Atmos et DTS:X), sans pour autant que l’écoute musicale ne devienne le parent pauvre (65 % des propriétaires de barres de son s’en servent aussi pour écouter de la musique). Dans un monde de parallélépipèdes gris et tristes, Marshall avait aussi une carte à jouer du côté du design en conservant les codes des amplis guitare qui ont fait le succès de ses enceintes et casques.

En plus de ce modèle haut de gamme disponible début juin, Marshall dévoilera plus tard dans l’année la Heston 60 plus petite et abordable, mais aussi le caisson de basses Heston Sub 200. C’est donc une toute nouvelle gamme qui prendra vie en 2025 pour le constructeur.
Le design si caractéristique de Marshall
Certes, la Heston 120 ne réinvente pas la roue et adopte elle aussi un dessin parallélépipédique. Difficile de faire autrement que ce form factor qui doit se glisser devant le téléviseur sans le masquer (7,6 cm de hauteur, 110 cm de largeur, 14,5 cm de profondeur, 7 kg). Concernant le design à la manière de Marshall, on peut dire qu’on est largement gâté ! Ce qui marque en premier est forcément l’emblématique logo de la marque qui trône en façade, impossible de le louper. Le parti-pris est audacieux dans un univers où les barres de son font tout pour se faire oublier, mais ce n’est pas le liseré cuivré assorti qui court sur toute la longueur de l’enceinte qui le permettra.

L’habillage de la partie avant et supérieure est assuré par une maille grise élégante, tandis que les côtés et l’arrière utilise un polyuréthane reproduisant l’aspect du cuir. Sur les tranches, les enceintes latérales sont masquées par des grilles en aluminium renforçant encore un peu plus la dégaine rock’n’roll de l’ensemble. L’assemblage et parfait et ne souffre d’aucune approximation. Aucun doute, on est bien ici chez Marshall.

De vrais boutons bien pratiques
Et ce ne sont pas les potentiomètres haptiques situés sur le dessus de la Heston 120 qui nous contrediront. Là aussi, on a l’impression d’être face à un ampli guitare et ce n’est pas qu’une question de style. Tout à gauche, trois petits boutons permettent de lancer par une simple pression la playlist ou la radio de son choix, programmée auparavant via la nouvelle application Marshall (on y reviendra). Le premier potentiomètre permet de régler le volume, le deuxième d’ajouter plus de basses ou d’aigus et le troisième de sélectionner la source d’entrée. Les trois sont soulignés par un liseré LED rouge en arc de cercle du plus bel effet. Enfin, un dernier bouton tout à droite propose de basculer entre les différents modes sonores (music, movie, night, voice).

L’ensemble est posé sur une plaque d’aluminium brossée elle aussi du plus bel effet. Certes, la Heston 120 n’est pas discrète, mais pour autant ses atours ne distraient pas du tout lors d’un visionnage de film et ajoute même un peu de style à la pièce. Le constructeur a également soigné la réparabilité puisque les grilles, les embouts, les transducteurs et les circuits imprimés sont démontables et remplaçables. Un bon point pour la durée de vie de l’appareil.
Richesse de la connectique, avec ou sans fil
À l’arrière de l’enceinte, la connectique est relativement riche : Ethernet, entrée HDMI passthrough, HDMI 2.1 eARC, USB-C, RCA stéréo, RCA mono et alimentation. De quoi brancher physiquement une variété d’appareils (caisson de basses, Apple TV, platine vinyle, etc.). Deux micros sont également intégrés, mais ne servent qu’à la calibration, aucun assistant vocal n’étant disponible sur la Heston 120. La connexion sans fil n’est pas en reste avec le Bluetooth 5.3 (codec SBC, AAC et LC3) compatible Auracast et le Wi-Fi 6 compatible AirPlay et Google Cast. L’appareil gère aussi Spotify Connect et Tidal Connect pour être relié directement à ces deux services de streaming.

Pour ce test de la Heston 120, nous avons pu accéder en avant-première à la nouvelle application Marshall. Sans proposer un délire de fonctionnalités comme peut le faire Sony, elle donne accès à l’essentiel et permet de la commander sans forcément avoir à se lever de son canapé. On peut ainsi basculer entre les 4 modes sonores adaptés à la musique, les films, l’écoute de nuit (pour réduire la dynamique) et la mise en avant des voix. Tous remplissent parfaitement leur mission. Pour aller plus loin que ces présélections, un égaliseur manuel à 5 bandes est également accessible ; tout comme le réglage de synchronisation du son avec l’image et le basculement entre les différentes sources (Bluetooth, Wi-Fi, RCA, HDMI 1 et HDMI 2). C’est également par cette application que l’on lance le processus de calibration à la pièce dans laquelle est placée la barre.
Des basses qui permettent de se passer de caisson
S’il y a bien un domaine où les ingénieurs de Marshall ont travaillé dur, c’est celui de l’audio. Avec 11 amplificateurs de classe D (pour une puissance totale de 150 W), 2 haut-parleurs médiums de 3 pouces, 2 tweeters de 0,8 pouce, 5 drivers à large bande de 2 pouces et 2 subwoofers rectangulaires de 2 pouces x 5 pouces, la Heston 120 est sacrément bien équipée.

Les deux haut-parleurs de graves ont d’ailleurs été au centre de l’attention des concepteurs, avec pas moins de 17 prototypes avant de parvenir à trouver la bonne formule. Comme nous avons pu le constater au siège suédois de Marshall, leur débattement est très important, gage d’un déplacement d’air idoine et donc prometteur en basses. Le système n’est d’ailleurs pas sans rappeler celui utilisé par Sonos dans son Arc Ultra : le Sound Motion mis au point à l’origine par la société néerlandaise Mayht.
Le résultat est d’ailleurs sans appel : la Heston 120 ne manque pas de basses, bien au contraire. Au point que comme sa concurrente américaine, elle peut tout à fait se passer de caisson additionnel, un sacré bon point pour une barre de son dont le form factor est habituellement avare de ces fréquences. Qu’il s’agisse d’un film d’action ou de musique riche en graves (hip-hop, drum’n’bass), on est plus que servi. Parfois même un peu trop d’ailleurs, nous avons pu rectifier le tir grâce à l’égaliseur inclus dans l’application pour rééquilibrer un peu le tout.

Bien entendu, avec sa compatibilité Dolby Atmos et DTS:X, l’appareil était attendu au tournant dans le domaine de la spatialisation. Sur ce point, nous sommes un peu plus mitigés, notamment concernant la verticalité de l’ensemble que nous avons eu du mal à retrouver. Heureusement que la Heston 120 sauve les meubles avec une bonne horizontalité prodiguant une scène sonore très large et allant au-delà de ses limites physiques. Dans les films, les dialogues sont ultra clairs et intelligibles, même lorsque du fort bruit de fond ou de la musique risqueraient de les couvrir.

Une qualité audio qui ne délaisse pas la musique
En musique, les instruments trouvent tous bien leur place. Même si nous avons été déçus de ne pas pouvoir profiter pour l’instant des mixes en Dolby Atmos depuis Apple Music via AirPlay. Marshall nous a en effet indiqué travailler sur l’implémentation du AirPlay spatial, Apple ayant seulement récemment sorti ses spécifications pour les appareils de tierces parties. Une mise à jour arrivera d’ici la fin de l’année pour ajouter ce Dolby Atmos sans fil qui pour l’instant ne peut être transmis que via le HDMI eARC ou via Tidal Connect.

Car si les performances home cinéma de la Heston 120 sont excellentes sans être magistrales, c’est vraiment sur ses capacités musicales qu’elle marque le coup. Une fois les basses rééquilibrées, on obtient en effet une signature sonore très agréable, mettant les voix bien en avant grâce à des médiums performants et n’oubliant pas les détails grâce à des aigus eux aussi bien maîtrisés. Attention toutefois à la distorsion qui apparaît une fois les trois-quarts du volume dépassés, mais l’enceinte est suffisamment puissante pour ne pas avoir à la pousser si loin. La dynamique si importante dans les films sert également très bien la musique classique.
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