La présidence roumaine dénonce un « traitement préférentiel » de TikTok pour le candidat d’extrême droite

La présidence roumaine dénonce un « traitement préférentiel » de TikTok pour le candidat d’extrême droite


Le réseau social TikTok a accordé « un traitement préférentiel » à Calin Georgescu, candidat d’extrême droite prorusse arrivé en tête du premier tour de la présidentielle roumaine, a estimé dans un communiqué le Conseil suprême de la défense nationale (CSAT) roumain, jeudi 28 novembre après une réunion.

Calin Georgescu, qui n’est pas nommément désigné, « a bénéficié d’une exposition massive » sur la plateforme, « qui ne l’a pas étiqueté comme candidat politique », selon un communiqué de la présidence. Ce qui a eu « un impact sur le résultat final » du scrutin et nécessite l’instauration de « mesures d’urgence ». Le régulateur roumain d’Internet a appelé mercredi à la suspension de TikTok dans le pays, qui vote à nouveau dimanche 1er décembre pour les élections législatives, et le dimanche suivant pour le deuxième tour de l’élection présidentielle.

En Roumanie, le code électoral impose aux candidats d’utiliser un code d’identification sur toutes leurs vidéos électorales, qui permet notamment aux régulateurs de les identifier et de vérifier leur conformité avec la loi. Les vidéos de M. Georgescu n’utilisaient pas ce code. Plus globalement, le CSAT, qui dépend de la présidence, affirme que TikTok n’a pas déterminé que les vidéos soutenant M. Georgescu avaient un caractère électoral, et qu’il a par ce biais bénéficié d’un soutien injustifié dans l’algorithme du réseau social. Certaines fonctions, dont la publicité, sont en effet interdites par la plateforme pour les comptes de partis politiques ou de candidats.

Virtuellement inconnu il y a quelques mois, M. Georgescu était crédité de moins de 5 % des voix dans les sondages avant l’élection. Il en a finalement obtenu 23 %, en bonne partie grâce à une campagne de vidéos virales au financement douteux sur TikTok. « La visibilité [des vidéos de M. Georgescu] a été nettement plus importante que celle des autres candidats qui étaient, eux, identifiés par l’algorithme de TikTok comme des candidats à l’élection présidentielle », affirme le CSAT. « Leur contenu à eux a été massivement filtré, diminuant de manière exponentielle leur visibilité auprès des utilisateurs de la plateforme », écrit le Conseil, sans préciser sur quelles données il s’appuie.

La Russie soupçonnée

Dans ses déclarations, le CSAT laisse également entendre que les services de sécurité du pays soupçonnent que la Russie a pu jouer un rôle dans la récente campagne. « La Roumanie, comme d’autres Etats sur le flanc est de l’OTAN, est devenue une cible privilégiée pour les actions hostiles de certains acteurs étatiques et non étatiques, spécialement au sein de la Fédération de Russie », écrit le Conseil. M. Georgescu, complotiste d’extrême droite, a notamment fait campagne sur des thématiques d’hostilité à l’OTAN, dont fait partie la Roumanie, tout en assurant qu’il ne souhaite pas que le pays quitte l’alliance Atlantique.

TikTok a envoyé mercredi une première réponse formelle aux autorités. Alors que la presse roumaine a évoqué le chiffre de 5 000 « bots » pro-Georgescu, l’entreprise assure n’avoir trouvé aucune trace d’un nombre inhabituel de faux comptes dans le pays. Sur l’identification de M. Georgescu comme candidat par son numéro officiel, TikTok affirme avoir corrigé le problème « en moins de vingt-quatre heures » après qu’il lui a été signalé, le 21 novembre.

TikTok fait par ailleurs remarquer que les vidéos du candidat sur X, Instagram, Facebook et YouTube ne comportaient pas non plus le numéro d’identification requis. Reste que l’application chinoise, très populaire dans toutes les tranches d’âge en Roumanie, a été, de loin, la plateforme sur laquelle M. Georgescu a connu la plus grande viralité.

La Commission européenne a été saisie par l’autorité de régulation des médias d’une demande « d’investigation formelle sur le rôle » du réseau social. Dans le cadre du règlement sur les services numériques (DSA), TikTok a « l’obligation d’évaluer et d’atténuer les risques systémiques liés aux processus électoraux », a rappelé Bruxelles.

Le Monde avec AFP

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