« La puissance monopolistique des géants de la tech entrave la capacité des entreprises technologiques européennes à rivaliser »

« La puissance monopolistique des géants de la tech entrave la capacité des entreprises technologiques européennes à rivaliser »


Teresa Ribera est confrontée à un défi de taille. La vice-présidente socialiste du gouvernement espagnol a été nommée par la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, au poste de vice-présidente exécutive pour une transition propre, juste et compétitive, chargée de deux domaines politiques majeurs : la concurrence et l’action climatique. Il s’agit d’une vaste responsabilité, vouée à susciter de vives oppositions. Sur le front de la concurrence, Mme Ribera héritera de plusieurs dossiers importants, notamment du travail de l’Union européenne (UE) visant à démanteler le monopole de Google sur la publicité en ligne, un effort dont l’issue pourrait redéfinir l’économie numérique.

Non seulement les géants technologiques épuisent les ressources de l’Europe et mettent à rude épreuve les réseaux électriques du continent, mais ils constituent également une menace directe pour son économie. L’essor des centres de données s’inscrit dans le cadre d’un effort plus large visant à monopoliser l’infrastructure numérique. Plusieurs géants tels qu’Alphabet (Google) et Meta (Facebook) ont conscience que leurs modèles économiques actuels, qui dépendent de l’addiction des enfants, de la division des sociétés, ainsi que d’une utilisation abusive des données personnelles, sont de plus en plus impopulaires. C’est la raison pour laquelle ils renforcent leur emprise sur une partie de l’économie moins visible, mais pour autant essentielle : l’infrastructure. Google, Microsoft et Amazon contrôlent d’ores et déjà deux tiers de l’infrastructure mondiale du cloud, et cette proportion continue de croître rapidement.

Plus que n’importe quelle loi européenne, la puissance monopolistique des géants de la tech entrave la capacité des entreprises technologiques européennes à rivaliser au niveau mondial. Comme s’en inquiète Mario Draghi, ancien président de la Banque centrale européenne, dans son rapport sur la compétitivité de l’UE, le bloc risque de manquer la révolution de l’intelligence artificielle (IA) s’il n’aide pas les entreprises locales à prospérer et à exister face à la concurrence. Une politique industrielle est essentielle pour appuyer cet effort, ce qui ne suffira néanmoins pas au secteur technologique européen pour espérer rivaliser avec des sociétés dominantes telles que Google ou Amazon sous leur forme actuelle. Ces géants contrôlant en effet une grande partie de la puissance informatique mondiale, et ayant amassé d’immenses quantités de données, ils attirent inexorablement dans leur orbite les entreprises européennes d’IA. A titre d’exemple, hier considéré comme le champion national français de l’IA, Mistral AI s’est désormais associé avec Microsoft, lui-même plus grand investisseur d’OpenAI.

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