Squeezie ne se prononcera pas sur la réforme des retraites. C’est en tout cas ce qu’affirme le vidéaste numéro un de YouTube dans une séquence publiée sur TikTok le 28 mars, tout en précisant à ses millions d’abonnés qu’il ne faut pas prendre son « silence pour un consentement ». Mais si la star du Web évoque tout de même le sujet, c’est parce qu’avant lui des dizaines d’influenceurs en ont parlé. Sulivan Gwed d’abord, puis EnjoyPhoenix, Léna Situations, Maghla, Seb, Billy, Inoxtag, Arkunir, Natoo… Au-delà de figures ancrées politiquement, comme Antoine Daniel, des personnalités issues de sphères très différentes se sont exprimées les unes après les autres sur les réseaux.
Alors que la streameuse Avamind échangeait des conseils pour manifester en sécurité, certains ont partagé les liens vers des caisses de grève et fait un don, à l’instar de Domingo, qui a lui-même versé de l’argent et redirigé ses abonnés vers une cagnotte dans sa très populaire émission Twitch Popcorn. D’autres sont même allés manifester, comme Ben de Nota Bene, Rivenzi, Maxime Biaggi, DrNozman, ou encore Polska.
« Je me suis pas mal politisé ces dernières années, mais c’est la première fois que j’allais en manifestation », confie au Monde Louis Cznv, créateur de contenus sur YouTube, auteur de vidéos commentaires sur les influenceurs. Et pour cause : à part de rares personnalités ouvertement engagées, les prises de position politiques chez les influenceurs, jusqu’à l’utilisation de l’article 49.3 par la première ministre Elisabeth Borne, étaient quasi inexistantes.
Entre vie personnelle et pression des abonnés
« Si certains se fichent désormais de leurs origines et vivent dans le luxe, la plupart n’oublient pas qu’ils viennent souvent d’un milieu modeste, explique au Monde Claire*, cheffe de projet en agence d’influence ayant souhaité garder l’anonymat. Ils comprennent que ce qui se passe n’est pas normal. » Conscients de leur statut privilégié, beaucoup décident d’évoquer plutôt la vie professionnelle difficile de leurs proches. DrNozman parle de sa mère aide-soignante, qui a « terminé avec un accident de travail et (…) a les mains et le dos en vrac ». Sur France Inter, Seb (anciennement Seb la Frite) salue son père, sapeur-pompier à la retraite après un souci de santé, et sa mère, qui travaille avec lui « pour financer ses annuités ».
Toute mon enfance/adolescence, j’ai vu ma mère travailler plus que tout pour subvenir à nos besoins. Elle était aid… https://t.co/96UDWuD254
Quant à Freddy Gladieux, c’est sur Instagram qu’il aborde les conditions de travail de ses parents. « Je trouvais déjà qu’on tournait en ridicule les grévistes avant le 49.3, explique-t-il au Monde. C’est parce que je suis issu de la classe ouvrière que j’ai parlé de ce que je connais, de ma famille. C’est facile pour moi de comprendre ce mouvement. » « Mes grands-parents étaient syndicalistes, j’ai été sensibilisé très jeune, surtout au lycée avec le CPE, raconte de son côté Ben, de la chaîne YouTube Nota Bene, spécialisée en histoire. Sauf que là, avec cette réforme qui m’écœure, je pense à ma famille, à mes enfants. »
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