La revente de cadeaux de Noël est devenue une pratique courante en France. Désormais, les Français n’hésitent plus à se débarrasser des présents indésirés pour se faire un peu d’argent.
De plus en plus de Français revendent leurs cadeaux de Noël sur Internet, révèlent plusieurs études. D’après une étude commandée par eBay, le site d’enchères en ligne, près de sept millions de Français vont se débarrasser des cadeaux trouvés sous le sapin cette année. C’est 500 000 vendeurs de plus que l’an dernier.
Une étude menée par Rakuten abonde dans le même sens. Apparemment, les Français n’ont pas attendu bien longtemps avant de mettre en vente leurs présents. Ce dimanche 25 décembre, la place de marché comptabilisait déjà 650 000 nouvelles annonces autour de 16 h. C’est 8 % de plus qu’à Noël 2021.
Sauf surprise, les revendeurs de cadeaux devraient continuer à se multiplier dans le courant de la semaine. eBay estime que trois millions d’objets seront mis en vente entre le 25 décembre et le 3 janvier 2023. Même son de cloche en Belgique. Interrogé par RTLInfo, le site 2emain.be, l’équivalent de Leboncoin en France, explique avoir enregistré une forte augmentation des annonces le lendemain de Noël. Dans l’Hexagone, la tendance a commencé à s’installer il y a 15 ans
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Crise et pouvoir d’achat
La popularisation croissante de la revente de cadeaux est une réponse à la crise économique. Tandis que le prix des matières premières et de l’énergie explose à la hausse, la revente est devenue un impératif pour de nombreux Français.
Lors du baromètre annuel réalisé fin novembre par Ipsos pour Rakuten France, 16 % des sondés admettaient d’ailleurs qu’il s’agit d’une nécessité budgétaire. Avec l’argent récolté, les revendeurs peuvent notamment accroître le montant de leur épargne ou financer le reste des fêtes de fin d’année. Les avoirs récupérés permettent par exemple de payer le repas du Nouvel An, ou des cadeaux pour les proches.
« Le budget de Noël subissant l’impact de l’inflation, la revente des cadeaux permet de compléter ce budget ou mettre de l’argent de côté », explique Louise Benzrihem, chargée de mission chez eBay France.
Comme le note la responsable, « les gens continuent à fêter Noël entre Noël et Nouvel An, donc il y aura de nouveaux échanges de cadeaux ». Parmi les objets les plus revendus après Noël, on trouve les livres, les jeux vidéo, les smartphones, les parfums et les jouets Lego et Playmobil.
Dans le cas du téléphone, on peut supposer que les Français revendent plutôt leur ancien appareil. C’est d’ailleurs pourquoi la valeur de revente de l’iPhone, l’un des smartphones les populaires sur le marché de l’occasion, s’écroule à la fin décembre. Quand l’offre de téléphones d’occasion surpasse la demande, les prix évoluent à la baisse. Pour revendre son ancien smartphone au meilleur prix, il vaut mieux prendre les devants et publier l’annonce avant Noël, quand la demande est forte.
Un tabou devenu une pratique responsable
Dans ce contexte d’inflation et de crise, la revente de cadeaux n’est plus une pratique taboue pour les consommateurs. Elle est « maintenant assez ancrée dans les habitudes des Français », note Flora Louvet, responsable communication au sein de Rakuten France. Pour Sarah Tayeb, directrice générale adjointe d’eBay France, la revente de cadeaux est même perçue comme « une manière de protéger le pouvoir d’achat des Français » tout en contribuant à « une économie responsable encourageant la circularité ». Dominique Desjeux, anthropologue spécialiste de la consommation, parle même d’une « désacralisation du cadeau de Noël ».
Dans la même optique, de plus en plus de Français s’intéressent aussi au marché de l’occasion pour dénicher des cadeaux de Noël à prix cassé. Une enquête d’OpinionWay révèle en effet que 78 % des Français de 18 à 30 ans sont prêts à offrir des cadeaux de seconde main. Néanmoins, il semble que la plupart des consommateurs soient encore réticents à passer le cap. Seuls 69 % des sondés ont déjà offert des objets d’occasion à leurs proches pour Noël.
« Il y a sans doute un tabou encore un peu prégnant à Noël, mais je crois que la tendance va se démocratiser au fur et à mesure », prophétise Dominique Desjeux.