Le 31 janvier, les habitants de 162 communes de métropole feront concrètement l’expérience de la fermeture du réseau cuivre. Quelque 211 000 foyers situés à Rennes, Vanves, Guyancourt ou Saint-Leu vont dire adieu à la fameuse prise en T qui les reliait à la téléphonie analogique et à l’accès internet par ADSL. Ces villes dites du lot 1 ne sont que les premières en France à basculer vers le 100 % fibre.
Fin janvier 2026, les 829 communes du lot 2 (954 000 locaux) seront à leur tour privées de leurs lignes en cuivre. Un an, plus tard, ce sont les 2 145 communes du lot 3 (2,44 millions de locaux) qui migreront vers le tout IP.
Le calendrier d’extinction du réseau cuivre s’accéléra ensuite pour passer dans une phase industrielle. Sur son site, le comparateur Ariase a mis en ligne une carte des communes concernées.
Orange devra décommissionner quelque 42 millions de lignes cuivre d’ici 2030
A la manœuvre, Orange devra décommissionner quelque 42 millions de lignes cuivre d’ici 2030 mettant fin à un réseau qui aura vécu plus de cinquante ans. Sur le papier, tout le monde est gagnant. Vieillissant et obsolète, ce réseau ne répond plus aux impératifs de la transformation numérique et de la transition écologique.
En passant à la fibre, les particuliers et entreprises gagneront non seulement en débit mais aussi en stabilité de connexion. Sur le plan environnemental, la transition du réseau cuivre vers la fibre optique, près de quatre fois moins énergivore, allégera le bilan carbone des opérateurs.
Mais c’est Orange, le grand gagnant de ce vaste chantier. Non seulement, l’opérateur économisera 540 millions d’euros de coût de maintenance par an mais il devrait toucher un véritable pactole en recyclant le million de kilomètres de câbles en cuivre.
Selon Le Monde, la revente de cet « or rouge » dont le prix se négocie entre 7 et 9 euros le kilo, pourrait rapporter plus de 8 milliards d’euros. Un métal devenu précieux qui attise les convoitises. Comme la SNCF, Orange subit de fréquents vols de câbles sur tout le territoire.
Encore 4,6 millions de locaux à raccorder à la fibre
Si personne ne remet en question la fermeture du réseau cuivre, celle-ci ne peut qu’aller de pair avec la finalisation des déploiements de la fibre optique. « Un chantier structurant pour la filière, sensible pour les utilisateurs particuliers ou entreprises », comme le rappelait Laure de La Raudière, présidente de l’Arcep lors de la cérémonie des vœux de la Fédération Française des Télécoms.
Si notre pays, parmi les plus fibrés d’Europe, peut se prévaloir, grâce au plan France Très Haut Débit, d’un taux de couverture du territoire national de 90 %, il reste 4,6 millions de locaux, résidences ou entreprises, à rendre éligibles. Or, les raccordements qui restent à réaliser sont dits complexes, nécessitant des travaux de génie civil au domicile de l’abonné, généralement à sa charge.
Depuis plusieurs trimestres, l’Arcep tire la sonnette d’alarme constatant un ralentissement du rythme des déploiements. Pour l’autorité de contrôle du secteur des télécoms, la fermeture du cuivre ne peut être envisagée sans un accès à la fibre optique pour tous les utilisateurs des territoires concernés. Ce décalage pourrait entrainer des retards sur le calendrier prévisionnel. « Des reports sont d’ores et déjà actés, et d’autres sont sans doute à prévoir », déplore Laure de La Raudière.
Convaincre les irréductibles de l’ADSL
Il s’agira aussi de convaincre les irréductibles de l’ADSL. Satisfaits de la qualité de leur connexion actuelle, inquiets d’une hausse prix de l’abonnement et du coût potentiel du raccordement ou tout simplement pas au courant de la fin du réseau cuivre, 10 à 15 % de ménages Français seraient réfractaires au régime fibre.
Les particuliers ne sont pas les seuls concernées. Plus d’un quart des entreprises n’ont toujours pas basculé dans le vrai très haut débit.
Mal informées, elles tardent à engager leur migration. Ce retard à l’allumage est d’autant plus inquiétant que le passage pour les professionnels exige plus d’anticipation pour, entre autres, changer les autocommutateurs (PABX) et les flottes de téléphones à touches.
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