Fasciné par la planète Mars, Elon Musk a choisi d’appeler son intelligence artificielle « Grok ». Dans le roman de l’écrivain américain Robert Heinlein, En terre étrangère, qui raconte le retour sur la Terre d’un conquérant de Mars élevé par des Martiens, le « grok » est la philosophie de la nouvelle Eglise qu’il crée à son retour.
Elle consiste en une compréhension si puissante de la chose étudiée qu’on ne fait plus qu’un avec elle. L’agent conversationnel Grok a été présenté en novembre 2023, première création de la start-up xAI fondée en juillet de la même année. Au départ, Elon Musk voulait l’appeler « TruthGPT », l’intelligence artificielle de la vérité. Il a bien fait de changer de nom vu son rapport fluctuant à cette vérité.
Interrogé en janvier sur son intention de lever plus d’argent pour sa nouvelle société xAI, il a affirmé qu’il ne cherchait pas d’investisseurs. Ces derniers ont dû trouver le chemin tout seuls puisque dimanche 26 mai, xAI a annoncé une levée de fonds de 6 milliards de dollars, qui va porter la valorisation de la firme à 24 milliards de dollars (22 milliards d’euros). Il faut dire qu’Elon Musk a des investisseurs très fidèles et fascinés par l’IA. Les stars de la Silicon Valley Sequoia Capital et Andreessen Horowitz, ainsi que les incontournables poches profondes du Golfe, le fonds royal d’Arabie saoudite, la société du prince Al-Walid, ainsi que le fonds de Dubaï, Vy capital, ont répondu présent.
Des moyens informatiques coûteux
Ces moyens considérables pour une entreprise qui n’a même pas 1 an vont lui permettre de développer ses premières applications commerciales d’intelligence artificielle dont l’entraînement demande des moyens informatiques extrêmement coûteux. Ils aideront aussi à mettre au point le supercalculateur qu’ambitionne de construire Elon Musk.
Pour y parvenir, le nouvel empereur de la Silicon Valley dispose de deux atouts de taille. D’une part, sa proximité avec la société Oracle, dont le fondateur, Larry Ellison, est un vieil ami et investisseur, qui va lui apporter ses centres de données et ses capacités informatiques. Et d’autre part, la quantité considérable de données recueillies par ses sociétés, comme Tesla et bien sûr X (l’ancien Twitter), qui testera les premières applications de Grok, notamment dans le résumé des actualités. X possédera d’ailleurs, selon Musk, 25 % de xAI.
La riposte contre l’hégémonie actuelle d’OpenAI, dont Elon Musk était l’un des fondateurs en 2015 avant de partir fâché, se met en place. Soutenue par Microsoft, elle vaut 86 milliards de dollars. Suit désormais xAI et enfin Anthropic, soutenu par Amazon et valorisé 18 milliards. On peut rêver de Mars et néanmoins garder les pieds sur terre.