La guerre moderne étant aussi devenue une question de domination du cyberespace, se protéger des menaces de l’extérieur peut conduire à des mesures extrêmes.
Si le conflit en Ukraine n’a pas débouché sur une cyberguerre à proprement parler qui aurait pu paralyser des ressources mondiales, les cyberattaques sont nombreuses pour affaiblir l’adversaire et créer de la désorganisation.
La rupture suspecte de câbles sous-marins de fibre optique il y a quelques mois ou le dysfonctionnement de satellites à l’ouverture du conflit entre Russie et Ukraine montrent également la fragilité potentielle des communications intercontinentales et la facilité avec laquelle elles pourraient être interrompues.
L’accès à Internet de nombreux ordinateurs et serveurs peut être par ailleurs une bonne porte d’entrée vers les systèmes d’un autre pays, avec la capacité de causer des dégâts et des problèmes à distance ou soutirer de l’argent.
Le réseau internet russe peut-il fonctionner en autonomie ?
Les hackers russes en usent et en abusent depuis des années la Russie n’est pas non plus à l’abri de cyberattaques venues d’ailleurs. Dans ce contexte, le pays étudie la possibilité de pouvoir se couper de l’internet mondial en cas de nécessité.
Le journal Le Figaro, citant le média russe Kommersant, indique que des exercices de sécurité ont été menés durant l’année pour tester la capacité à isoler le pays, comme système de défense ou bien en réponse à une mesure imposée de l’extérieur.
Cette mesure avait été envisagée dès le mois de mars 2022, lors des premiers mouvements de troupes sur l’Ukraine et des essais ont été réalisés avec les banques, les opérateurs et les FAI russes pour tester la possibilité d’un fonctionnement du réseau internet russe de façon autonome.
Un internet souverain, rêve de Poutine
Le nombre de cyberattaques visant la Russie aurait augmenté de 80% et viserait principalement le secteur public, plutôt que le traditionnel objectif des banques. L’opérateur russe Rostelecom aurait ainsi étudié la possibilité de déplacer les interconnexions vers l’Asie en cas de coupure des accès depuis l’Europe.
Concernant une coupure des ponts internet reliant la Russie, les réactions sont contrastées et ont conduit à en maintenir certains. Les services de renseignement en ont besoin pour récupérer des informations et un isolement total leur compliquerait la tâche.
Couper les interconnexions poserait également des problèmes d’accès à Internet pour d’autres pays que la Russie. Il reste que Vladimir Poutine a déjà fait part de son intérêt pour un internet souverain russe qui pourrait aussi être un bon moyen de renforcer la surveillance étatique et le contrôle des données. Le conflit en Ukraine va-t-il accélérer cette tendance ?