Désormais, chaque élection, en France ou ailleurs, est l’occasion de scruter le rôle politique des réseaux sociaux, et surtout d’étudier comment les interactions des utilisateurs avec certains contenus bouleversent les équilibres et les prédictions. Depuis 2016, les élections outre-Atlantique sont devenues des exemples archétypiques de mise en danger de la démocratie par les réseaux sociaux.
La première élection de Donald Trump – conjointement à la victoire du « Leave » lors du référendum sur l’appartenance du Royaume-Uni à l’Union européenne – avait donné lieu au scandale Cambridge Analytica de manipulation de l’élection par l’intermédiaire de Facebook.
En 2024, un autre réseau social est au cœur des inquiétudes : X. Depuis qu’il a racheté Twitter, en 2022, Elon Musk ne se contente pas de diriger un réseau social : il a transformé X en un outil d’influence où il mêle libertarianisme, provocations, promesses de libération de la parole et influence politique.
Des armes politiques « dans le monde réel »
Musk vit dans le rêve dépassé d’un Internet libre de toute régulation. Il revendique un espace où chacun pourrait s’exprimer sans limites, tout en confiant la modération à des algorithmes. Cette passion pour une gouvernance algorithmique automatisée ne lui est pas propre et traverse tous les secteurs économiques et politiques.
Sur X, l’absence de modération laisse alors l’outrance prospérer, tout en créant l’illusion d’une pluralité de points de vue. Ce mécanisme, présenté comme neutre, s’avère biaisé par des choix technologiques qui reflètent les intérêts idéologiques et commerciaux de Musk, et des groupes qui investissent la plateforme. Ce faisant, les réseaux sociaux, devenus des « espaces publics », créent un nouveau régime de vérité.
Les théories conspirationnistes, les attaques personnelles et les campagnes de désinformation trouvent sur X un écho particulier. L’absence d’une modération stricte favorise la propagation des fake news conçues spécifiquement pour manipuler l’opinion publique. Et ces fausses informations ne restent pas confinées aux plateformes en ligne : elles deviennent des armes politiques « dans le monde réel », amplifiées par des algorithmes qui favorisent les contenus sensationnalistes et polarisants avec lesquels les utilisateurs interagissent.
La viralité des fake news
Dans le cas américain, l’équipe de campagne de Donald Trump et ses soutiens, au premier rang desquels se trouve Elon Musk, profitent de deux choses. D’abord, du système électoral américain, qui transforme une élection nationale en une bataille pour sept Etats-clés, les swing states, sur lesquels se joue l’élection. Dès lors, les campagnes des deux camps se concentrent sur ces Etats.
Il vous reste 55.14% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.