« N’écrivez pas que c’est un “clash”, comme on l’entend dans les médias. On parle de délits pénaux graves », prévient Me Jade Dousselin, l’une des avocates de Magali Berdah. « Je suis harcelée, menacée de mort », renchérit sa cliente, avant de dérouler à toute vitesse des exemples d’accusations, menaces et calomnies reçues depuis qu’elle a obtenu, le 2 juin, la suspension du compte Instagram de son harceleur.
Ce dernier se nomme Elie Yaffa, plus connu sous son nom de scène : Booba. A 45 ans, le « Duc de Boulogne », dix albums et plus de trois millions de disques vendus à son actif, est entré dans la légende du rap français. Une légende écrite aussi au fil des nombreuses bagarres qui ont émaillé sa carrière. Parfois physiques – il a été condamné, en 2018, à dix-huit mois avec sursis et 45 000 euros d’amende pour une violente rixe contre un autre rappeur, Kaaris, à l’aéroport d’Orly – mais le plus souvent virtuelles.
Comme toute une génération d’artistes, Booba délaisse les médias traditionnels et préfère communiquer au travers de ses réseaux sociaux. Avec 5,7 millions d’abonnés sur Twitter et plus d’un million sur Instagram – du moins jusqu’à la suppression de son compte en juin – sa communauté, les « ratpis » (pirates), lui donne un poids colossal. Et peut devenir une arme pointée sur ses adversaires du moment.
Surtout lorsque eux aussi ont fait carrière de leur influence sur les réseaux. C’est le cas de sa cible, depuis quelques semaines, Magali Berdah, 40 ans, 1,2 million d’abonnés sur Instagram. Chroniqueuse pour « Touche pas à mon poste », l’émission-phare de C8 animée par Cyril Hanouna, elle est surtout la puissante patronne de l’agence Shauna Events, leader français du marketing des « e-influenceurs », avec un chiffre d’affaires dépassant les 20 millions d’euros. Lancée en 2017, la société s’est spécialisée dans les partenariats commerciaux entre marques et célébrités, le plus souvent issues de la téléréalité. Les premières rémunèrent les secondes pour qu’elles vantent leurs produits à leur audience sur les réseaux sociaux, particulièrement Instagram.
Tweets moqueurs, publication de son adresse…
C’est à cette activité que s’en prend « B2O » depuis quelques semaines. Au départ en conflit avec un autre influenceur, spécialisé dans le « trading » boursier, contre lequel il a porté plainte, le rappeur de Boulogne s’en est ensuite pris à la « papesse » des influenceurs, Magali Berdah, qu’il poursuit au quotidien de sa vindicte : tweets moqueurs, accusations d’islamophobie, publication d’extraits de documents juridiques contenant son adresse, enregistrements pirates, évocation d’une « sextape » (fausse) de l’influenceuse…
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