Le nouveau concept car de Citroën est une nouvelle façon d’envisager la voiture électrique. Loin des performances et de l’innovation, mais avec une considération écologique assumée.
Lorsqu’il faut penser le futur de la mobilité, Citroën n’est jamais avare de bonnes idées. Il y a deux ans, la marque aux chevrons surprenait son monde avec l’Ami, un véhicule atypique aussi bien dans sa forme que dans son modèle de vente par abonnement. Cette fois, le constructeur du groupe Stellantis va encore plus loin en dévoilant un véhicule qui a pour but de redéfinir les standards de l’industrie automobile pour les prochaines années. L’objectif est bien sûr ambitieux, mais all-ë ou Oli est un concept qui a le mérite de poser des questions essentielles, en termes d’impact écologique et d’éco responsabilité au sens large. En effet, le nouveau concept de Citroën veut être un modèle en termes de conception, d’utilisation et de consommation. C’est ainsi qu’il a été pensé.
Un design façon Lego
Avec Oli, le premier choc est d’ordre visuel. S’il prend la forme d’un SUV compact destiné à la famille (4,20 m de long, 1,90 m de large et 1,65 m de haut), le véhicule de Citroën surprend par son esthétique particulièrement décalée. À mi-chemin entre un rover lunaire et une voiture en légo, le design s’articule autour d’un capot parfaitement plat, d’un pare-brise droit et d’une partie arrière qui peut être retirée pour le transformer en pickup. Cette impression de petit cube sur roues est renforcée par les énormes jantes de 20 pouces qui viennent souligner les traits marqués de l’ensemble. Enfin, ce n’est sans doute pas anodin, mais Citroën a choisi Oli pour dévoiler son nouveau logo, vintage au possible puisqu’il est inspiré de ses productions des années 1920.
Sur Oli, il est aussi possible de retrouver quelques éléments de l’esprit pick-up de Citroën, celui-là même qui a donné naissance à la version buggy de l’Ami. Ainsi, des rails de fixation sont prévus pour ajouter des accessoires selon les besoins.
Plus étonnants encore que son aspect, ce sont les matériaux avec lesquels Oli est fabriqué qui en font un concept à part. En effet, le cahier des charges de Citroën était très stricte le concernant. Le SUV devait peser moins d’une tonne. À titre de comparaison, les SUV électriques actuels pèsent plus du double. Pour parvenir à alléger son concept car le constructeur a donc fait appel à des partenaires, BASF et Goodyear en l’occurrence et à des matériaux assez étonnants.
La voiture du futur sera-t-elle en carton ?
En effet, le toit, le capot et une partie de la carrosserie sont réalisés en carton ondulé recyclé. Il s’agit bien évidemment d’un carton renforcé avec de la fibre de verre et de la résine, mais le gain de poids est impressionnant par rapport à un véhicule traditionnel. Quant à l’habitacle, il est composé en majorité d’éléments imprimés en 3D à base de polyuréthane thermoplastique, qui auraient l’avantage d’être à la fois légers et confortables. Sobriété oblige, il n’y a pas d’écran surdimensionné à l’intérieur de Oli. Le conducteur se contentera de son smartphone pour afficher les informations de divertissement. Seule une bande LED, contrôlée par le smartphone, donne accès aux informations principales telles que l’autonomie par exemple.
Du côté de Goodyear, c’est la solution Eagle Go qui est à l’honneur sur les pneumatiques. En effet, leur bande de roulement, composée de matériaux renouvelables à 92%, en font un accessoire qui colle à l’esprit du véhicule. De plus, ils disposent d’un capteur permettant de surveiller la pression du pneu et son usure.
Des performances raisonnables pour une voiture responsable
À bien des égards, Oli pourrait être qualifiée d’Ami en version familiale. C’est le cas sur la partie technique notamment puisque le concept de Citroën n’essaie pas vraiment de jouer sur le terrain des performances. Bien au contraire. Avec une vitesse de pointe de 110 km/h (est-ce vraiment utile de rouler plus vite ?) Et une petite batterie de 40 kWh, le concept car de Citroën ne promet pas la Lune. Néanmoins, sa puissance limitée et son poids contenu lui permettent de tirer le maximum de son accumulateur, soit 400 km d’autonomie environ.
Pour arriver à un tel résultat, Oli s’autorise également un système de climatisation plus petit et joue sur la taille réduite des vitres pour réduire la chaleur à l’intérieur de l’habitacle.
Pas la voiture du futur, mais une vision de l’avenir
Enfin, le dernier argument écoresponsable d’Oli réside dans son processus de fabrication. Si une grande partie des matériaux sont recyclables ou issus de matières recyclées, les différents éléments du véhicule ont aussi été pensés pour réduire les coûts de fabrication. Ainsi, comme pour l’Ami, plusieurs pièces peuvent à la fois être installées à l’avant ou à l’arrière. D’autres s’utilisent en miroir, c’est-à-dire dans un sens côté droit du véhicule et dans un autre sur son côté opposé. Surtout, Oli est dépourvu de petites pièces et de boutons qui habillent certes la majorité des habitacles, mais qui demandent une approche spécifique pour leur intégration.
Au final, une question se pose : quel avenir pour Oli ? Le concept de Citroën n’est évidemment pas destiné à voir le jour, mais à l’image du Manifesto de Dacia, le constructeur veut prouver qu’il est en mesure de réaliser des voitures qui prennent en compte les préoccupations écologiques actuelles. Charge aux futurs acheteurs de montrer qu’ils sont prêts à changer de paradigme en matière de voitures. Car jusqu’à présent, modération et décroissance ne sont pas vraiment des concepts qui ont pu être appliqués à l’industrie auto. Et si Oli avait impulsé un nouveau mouvement ?