l’A16 Bionic aurait dû supporter le ray tracing, et ce raté cacherait un gros problème…

Le M2 est le premier SoC de la deuxième génération de puce Apple Silicon pour Mac.


Entre raté technologique, fuite des cerveaux et procès à répétition, la division en charge des puces Apple Silicon du géant de Cupertino serait secouée de toute part. Assez pour qu’Apple perde la main pour la première fois depuis plus de dix ans ?

Apple est en guerre. Une guerre silencieuse, sournoise, et que le géant californien n’est pas sûr de remporter. Une guerre faite de multiples fronts, de fuites des cerveaux, d’actions en justice et, apparemment, de raté(s) technologique(s).

Pas de trace du ray tracing

Commençons par ce dernier point. Mediatek, avec son Dimensity 9000, et Qualcomm, avec son Snapdragon 8 Gen 2, ont franchi à quelques jours d’écart un nouveau cap cette année. Ces deux SoC prennent en charge l’accélération matérielle du ray tracing. Un atout important dans le monde du jeu vidéo, bien entendu, et également dans les outils de rendu graphique en 3D. Du côté d’Apple et de l’A16 Bionic, rien, alors que le ray tracing est intégré à l’API Metal depuis bien longtemps déjà.

Selon The Information, les premiers prototypes de l’A16 Bionic auraient pourtant été compatibles avec le ray tracing. Mais l’intégration de cette technologie dans la puce aurait finalement été abandonnée, car elle était trop gourmande en énergie, faisait trop chauffer le SoC et nuisait à l’autonomie des périphériques. En cause, les simulations logicielles de l’architecture A16 Bionic avec ray tracing qui n’auraient pas été assez précises. Les ingénieurs d’Apple auraient toutefois constaté ce problème trop tardivement dans le développement de la puce pour pouvoir proposer un plan B vraiment digne de leurs ambitions. Voilà qui expliquerait pourquoi il y a si peu de différences entre l’A15 Bionic et l’A16 Bionic en définitive.

La manifestation d’un mal profond

Mais ce raté technologique ne serait en définitive que la partie émergée d’un iceberg bien plus inquiétant. Depuis le rachat de P.A. Semi, le premier iPad, l’iPhone 4 et l’A4, les équipes d’Apple travaillent à créer des puces qui permettent aux produits de leur société de se distinguer de la concurrence. Ils assurent la partie matérielle de la sacrosainte intégration entre hardware et software, essentielle à Apple. Au point que les puces Ax donnent régulièrement le La, assurant une cohabitation primordiale entre bonnes performances et consommation électrique réduite.

Pourtant, depuis une ou deux générations, les gains en matière de puissance CPU sont plus réduits. Cela pourrait être expliqué par le fait que le niveau de puissance assuré est désormais suffisant pour tout et plus. Mais, The Information y voit le signe avant-coureur d’un mal plus profond.

Apple – Capture d’écran 01net.com

À en croireThe Information, l’équipe en charge du développement des puces Apple Silicon est au cœur de la tourmente. Ces dernières années, elle subit un exode régulier de cerveaux. Des ingénieurs réputés, et qui ont fait leur preuve chez Apple et parfois au sein d’entreprises avant que le géant ne les rachète, partent.
C’est le cas notamment de Gerard Williams III, ancien d’ARM, passé pendant neuf ans (de 2010 à 2019) chez Apple où il fut architecte en chef des CPU des puces intégrées aux iPhone, iPad et bien entendu plus tard aux Mac. Il a quitté le géant de Cupertino pour fonder sa propre société, Nuvia, avant que celle-ci ne soit rachetée en 2021 par… Qualcomm. Six mois après son départ, il était d’ailleurs attaqué en justice par Apple qui l’accusait d’utiliser ses propriétés intellectuelles au sein de Nuvia. Le géant californien lui reprochait aussi, et peut-être même surtout, d’avoir débauché des éléments clés des équipes de développement des puces d’Apple.
Un duo de plaintes que la société de Tim Cook a également déposé en justice en mai dernier contre une autre start-up, Rivos, qui lui aurait « volé » quelques cerveaux essentiels également. Ce ne sont pas moins de quarante ingénieurs qui auraient ainsi été attirés au sein de la jeune société. Deux d’entre eux seraient même partie avec des gigaoctets de données appartenant a priori à Apple, si on en croit la plainte révélée par Reuters à l’époque.

Apple allume un contre-feu pour l’après

Depuis, Apple se serait livré à un petit jeu de communication interne pour convaincre ses employés les plus précieux de rester en poste. Il y vanterait la stabilité et la satisfaction qu’on peut avoir à travailler pour une société aussi puissante qu’Apple, surtout dans un contexte économique qui pourrait se durcir davantage dans les mois et années à venir. Fin 2021, Apple avait d’ailleurs annoncé des bonus pouvant aller jusqu’à 180 000 dollars en actions pour ses talents les plus précieux.

Autrement dit, selon le portrait très sombre que dresse The Information, Johnny Srouji, le grand patron de la division silicium d’Apple, n’est pas au bout de ses peines. Il serait même personnellement touché par ses départs, au cours desquels il a vu partir des bras droits et proches.

Le petit monde des semi-conducteurs regorge d’exemples et d’anecdotes où un cerveau a su faire la différence et relancer un vaste projet – on pense notamment à Lisa Su, patronne d’AMD, qui a su remettre sa société sur les rails. La question est désormais de savoir si Apple a encore dans ces rangs ce cerveau… ou ces cerveaux ? Car, l’enjeu est énorme. En décidant de prendre en main son destin avec les puces Apple Silicon, la société californienne a voulu devenir totalement indépendante. Mais cette indépendance n’est possible que si ses équipes peuvent coller à l’innovation, la devancer. De manière un peu paradoxale, Apple est dépendant à son indépendance. Il ne peut compter que sur lui… Cette crise est donc d’autant plus préoccupante.

En attendant, le géant de Cupertino pourra compter sur une année de développement supplémentaire et l’arrivée de la gravure en 3 nm chez TSMC dès la fin de l’année – une cérémonie aura lieu dans quelques jours pour l’ouverture de la première usine du géant taïwanais compatible avec ce node de production. Cela devrait aider, mais une chose est certaine, il va falloir aux équipes de Johnny Srouji mettre les bouchées doubles pour ne pas être rattrapées, voire dépassées par la concurrence…

Source :

The Information



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