Le voici extradé. Le fondateur et ancien patron de la plateforme d’échanges de cryptomonnaies FTX, Sam Bankman-Fried, est arrivé mercredi 21 décembre au soir à New York. Il doit comparaître devant une juge dans les prochaines heures, selon plusieurs médias américains.
« SBF », son surnom, « sera conduit directement dans le district sud de [l’Etat de] New York », juridiction qui comprend Manhattan, après son arrivée, « et il sera présenté à un juge dès que possible », avait annoncé plus tôt le procureur fédéral de Manhattan, Damian Williams, dans une vidéo postée sur Twitter.
En début de journée mercredi, Sam Bankman-Fried avait donné son accord pour être extradé vers les Etats-Unis lors d’une audience à Nassau, la capitale des Bahamas. Il y a fait part de son « désir de s’assurer que les clients concernés récupèrent leur argent », selon le Wall Street Journal.
Le procureur fédéral de Manhattan a, par ailleurs, révélé mercredi que deux personnages clés du dossier avaient été inculpés. Ces derniers ont plaidé coupable et collaborent avec le gouvernement, ce qui signifie qu’ils pourraient incriminer Sam Bankman-Fried.
Il s’agit de Caroline Ellison, ancienne patronne de la société Alameda Research, et de Gary Wang, cofondateur de FTX, inculpés « en lien avec leur rôle dans la fraude qui a contribué à l’effondrement de FTX », a déclaré Damian Williams, sans donner plus de précision.
Sollicité par l’Agence France-Presse quant aux chefs d’inculpation retenus, le bureau du procureur fédéral de Manhattan n’a pas donné suite.
Le principal décideur
Selon le Wall Street Journal, tous deux ont été inculpés de fraude, tandis que seule Caroline Ellison a été mise en cause pour association de malfaiteurs.
Alameda Research est la société qu’a utilisée Sam Bankman-Fried, selon l’acte d’accusation, pour réaliser des transactions risquées avec des milliards de dollars de fonds déposés par des clients sur la plateforme FTX, sans qu’ils en aient été informés.
Interpellé le 12 décembre à Nassau, Sam Bankman-Fried était déjà en détention aux Bahamas.
Depuis la faillite de FTX, le 11 novembre, Sam Bankman-Fried a plusieurs fois fait valoir publiquement qu’il n’était plus aux manettes d’Alameda Research depuis plusieurs mois, incriminant indirectement Caroline Ellison. Une argumentation contestée par le ministère public, qui affirme que « SBF » est resté le principal décideur au sein d’Alameda jusqu’au dépôt de bilan de FTX.
Le Monde
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Lors de la première audience à Manhattan, la magistrate new-yorkaise chargée du dossier lui lira les charges qui pèsent contre lui et lui demandera s’il souhaite, ou non, plaider coupable. Elle décidera ensuite si Sam Bankman-Fried doit être remis ou non en liberté sous caution.
Il risque la prison à vie
S’il est maintenu en détention, dans l’attente de son procès, il devrait être envoyé au Metropolitan Detention Center (MDC) de Brooklyn, décrié pour son manque de personnel et une gestion douteuse des détenus.
Outre les transactions à risque via Alameda, Sam Bankman-Fried est également soupçonné d’avoir investi une partie de cet argent dans de l’immobilier aux Bahamas. Il lui est aussi reproché d’avoir fait des donations à des politiques démocrates – toujours à partir de fonds de clients de FTX – dont Joe Biden lors de sa campagne présidentielle.
Cinq des huit chefs d’accusation retenus contre lui prévoient, chacun, une peine maximum de vingt ans de prison. Celui qui a longtemps été vu comme un génie iconoclaste des cryptomonnaies est donc susceptible de passer le restant de ses jours en prison.
Caroline Ellison et Gary Wang ont également été assignés devant la justice civile par les deux principales autorités américaines de régulation des marchés financiers, la SEC et la CFTC. Ils se sont engagés à collaborer avec la SEC, et ont reconnu les faits qui leur étaient imputés par la CFTC, ce qui devrait leur valoir, dans les deux cas, un jugement plus clément. La CFTC évalue à 8 milliards de dollars (7,5 milliards d’euros) le total des fonds détournés de comptes de clients de FTX.