L’Anses vient de rendre son verdict après plus de dix ans d’analyses. L’agence sanitaire estime qu’aucune preuve ne permet de lier l’utilisation du smartphone à l’apparition de cancers chez l’humain. Néanmoins, la prudence reste de mise.
L’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) vient de publier un nouveau rapport consacré aux ondes émises par les smartphones. L’étude, composée de 232 recherches scientifiques réalisées entre 2013 et 2024, visait à déterminer si les ondes électromagnétiques étaient susceptibles de provoquer l’apparition de tumeurs cancéreuses chez l’humain. Pour le découvrir, les experts de l’Anses ont analysé toutes les études sérieuses qui ont été publiées au cours des douze dernières années.
« Nous nous sommes penchés sur les ondes radioélectriques, utilisées par les communications hertziennes, TV, radio, la téléphonie mobile, les objets communicants, etc., et non les basses fréquences émises par les lignes à haute tension. Il s’agit d’une question de santé publique: tout le monde y est exposé, de plus en plus jeune, avec 98% des plus de 12 ans qui utilisent un téléphone mobile dont les technologies évoluent, avec la 4G, la 5G », explique Olivier Merckel, chef de l’unité d’évaluation des risques liés aux agents physiques, de l’Anses, à l’AFP.
À lire aussi : Trop d’ondes dans l’iPhone 12 : après la France, Apple devra étendre la mise à jour DAS dans toute l’Europe
Dix ans d’études et aucune preuve
Le verdict est sans appel. L’agence, qui a pour mission première d’évaluer les risques sanitaires, n’a pas trouvé la moindre preuve indiquant que le smartphone est responsable d’une augmentation des cas de cancer chez l’être humain. L’Anses conclut qu’il n’y aucun lien de causalité entre l’utilisation du téléphone portable et le développement de cellules cancéreuses.
En clair, les données réunies à ce jour ne permettent pas d’établir de lien. La conclusion survient douze ans après une mise en garde formulée par l’Anses, qui estimait alors que les preuves montrant que les ondes sont liées au développement de tumeurs cérébrales sont « limitées ». Plus d’une décennie d’études réalisées à travers le monde ont pu aider l’agence sanitaire à affiner son constat et à écarter les risques.
L’Anses rappelle que les quelques études en laboratoires qui font état d’un lien de causalité entre ondes et cancer sont réalisées dans des conditions qui sont très différentes à celle d’un usage normal. Dans le cadre de ces expérimentations, les rats sont en effet bombardés d’importantes doses d’ondes électromagnétiques pendant plusieurs années. Ces études dépassent largement le débit d’absorption spécifique (DAS) autorisé par la législation. En Europe, la réglementation fixe des valeurs maximales très prudentes, à savoir 2 W/kg pour la tête et le tronc, et 4 W/kg pour les membres, afin de garantir la sécurité des utilisateurs. Il est obligatoire pour les fabricants d’indiquer sur l’emballage de leurs smartphones le DAS, et, surtout, de veiller à ce que leurs appareils respectent les limites maximales d’émission.
De plus, les nombreuses études qui se concentrent sur les utilisateurs de smartphones, y compris ceux qui les utilisent à outrance, ne montrent pas de lien avec une augmentation du risque de cancer. C’est pourquoi l’Anses écarte aujourd’hui l’hypothèse d’un risque de cancer cérébral. Un seul expert pense encore qu’un lien causal pourrait exister, mais son avis reste marginal. Pour les autres types de cancers, comme ceux du foie ou du sang, il n’y a aucune preuve d’un lien avec les ondes des smartphones.
« En agrégeant l’ensemble de ces données portant sur les mécanismes cellulaires, notre conclusion est qu’elles ne conduisent pas à établir un lien de cause à effet entre l’exposition aux ondes radio et le cancer », souligne l’Anses.
Le constat de l’Anses corrobore celui de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS). L’an dernier, l’OMS indiquait n’avoir pas trouvé le moindre lien entre le cancer du cerveau et l’utilisation d’un smartphone, après avoir analysé 5 000 études scientifiques publiées de 1994 à 2022.
Le smartphone, un enjeu sanitaire
Par mesure de prudence, l’agence sanitaire recommande néanmoins d’éviter de coller son smartphone à sa tête. Pour les appels, elle conseille de se servir d’écouteurs sans fil. L’agence reste prudente, car il n’est pas impossible que « de futurs travaux apportent des éléments nouveaux » et que le smartphone est lié à des « usages qui évoluent très vite et peuvent générer d’autres effets sanitaires ».
« Téléphoner dans de bonnes conditions de réception, utiliser un kit mains libres, un haut-parleur… cela éloigne le téléphone du corps, ce qui suffit à diminuer très fortement son exposition », déclare Olivier Merckel, évoquant « une approche de précaution, en particulier pour les enfants ».
Le rapport de l’Anses demande aussi aux utilisateurs de garder « un usage raisonné du téléphone mobile ». Si le smartphone n’est pas susceptible de vous donner le cancer, il reste un enjeu sanitaire majeure. Le téléphone portable risque en effet d’accroître la sédentarité et de perturber le sommeil de ses usagers, notamment à cause de la lumière bleue émise par l’écran.
👉🏻 Suivez l’actualité tech en temps réel : ajoutez 01net à vos sources sur Google Actualités, abonnez-vous à notre canal WhatsApp ou suivez-nous en vidéo sur TikTok.