L’antivirus russe Kaspersky est désormais interdit aux États-Unis

Kaspersky


Les États-Unis interdisent les logiciels Kaspersky, invoquant des préoccupations en matière de sécurité nationale. Pour Washington, Kaspersky est susceptible de collaborer avec le Kremlin. La société russe dément toute collusion avec le pouvoir et s’est engagée à se défendre.

Ce jeudi 20 juin 2024, les États-Unis ont annoncé l’interdiction de Kaspersky sur le sol américain. La société russe, dont la renommée en matière de cybersécurité est mondiale, n’est plus autorisée à vendre ses logiciels dans le pays. Par ailleurs, elle ne pourra plus « fournir des mises à jour aux logiciels déjà utilisés ».

La mesure interdit également à Kaspersky de fournir ses services à des entités américaines dans le reste du monde. Le communiqué du département américain au Commerce ajoute que les « sociétés affiliées, filiales et sociétés mères de Kaspersky Lab » sont aussi concernées. C’est un coup dur pour l’entreprise russe, fondée en 1997 à Moscou. Présent dans 31 pays, Kaspersky fournit ses services à plus de 400 millions d’utilisateurs et 270 000 entreprises réparties dans plus de 200 pays et territoires.

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Un risque pour la sécurité de la nation

Le gouvernement de Joe Biden a justifié sa décision par « des raisons de sécurité nationale ». Pour les autorités américaines, Kaspersky entretient des relations trop étroites avec le pouvoir russe. D’ailleurs, trois entités liées à la société de cybersécurité ont été placées sur liste noire, « pour leur coopération avec les autorités militaires et de renseignement russes à l’appui des objectifs du gouvernement russe en matière de cyberespionnage ».

Aux dires de Washington, le gouvernement de Vladimir Poutine est susceptible de se servir des outils proposés par Kaspersky pour mener des opérations d’espionnage et récolter des données sensibles. Pour Gina Raimondo, la secrétaire américaine au Commerce, il ne s’agit pas d’un risque purement théorique :

« La Russie a montré à maintes reprises qu’elle avait la capacité et l’intention d’exploiter des entreprises russes, telles que Kaspersky Lab, pour collecter et exploiter des informations américaines sensibles ». 

L’offensive contre Kaspersky rappelle à bien des égards les mesures prises contre Huawei en 2019. Sous la houlette de Donald Trump, les États-Unis ont décidé d’exclure le constructeur chinois du marché américain, pointant du doigt des risques en matière de sécurité nationale. Pour le gouvernement Trump, Huawei était proche de Pékin et pouvait collaborer avec les services de renseignement chinois.

Peu après l’annonce de son éviction, Kaspersky s’est fermement défendu des accusations formulées par les États-Unis sur son compte X. Pour l’éditeur russe, la décision est uniquement basée « sur le climat géopolitique actuel et des préoccupations théoriques, plutôt que sur une évaluation complète de l’intégrité des produits et services de Kaspersky ».

« Kaspersky n’exerce pas d’activités menaçant la sécurité nationale des États-Unis et, en fait, a apporté des contributions significatives par ses rapports et sa protection contre divers acteurs de la menace visant les intérêts et alliés des États-Unis », ajoute Kasperky, précisant que « toutes les options légales disponibles » seront prises pour échapper à l’interdiction.

Un délai de quelques mois

Pour assurer une transition fluide, Washington permet à Kaspersky de poursuivre certaines de ses activités jusqu’au 29 septembre 2024. Ce délai doit permettre aux clients américains du groupe de trouver une solution alternative. Notez que les entreprises américaines, et les particuliers, qui continuent d’utiliser les logiciels de Kaspersky ne s’exposent pas à des sanctions. Ceux-ci doivent cependant être conscients des risques en matière de cybersécurité, souligne le communiqué.

Ce n’est pas la première fois que les États-Unis s’en prennent à Kaspersky. Dès 2017, les antivirus de la société ont été interdits des agences fédérales américaines. Cinq ans plus tard, Washington en a remis une couche en incluant les logiciels Kaspersky dans la « liste des équipements et services de communication qui constituent une menace pour la sécurité intérieure ». C’est la première fois qu’une entité qui ne vient pas de Chine entre dans la liste, dressée par la Commission fédérale des communications (FCC).

Pour faire taire ses détracteurs, Kaspersky a multiplié les initiatives ces dernières années. L’entreprise moscovite a notamment mis à disposition l’intégralité du code source de ses logiciels. En parallèle, elle a délocalisé le traitement des données de ses clients vers la Suisse. Cette opération de transparence n’a visiblement pas apaisé les inquiétudes américaines.

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Source :

CNN



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