Depuis sa sortie en 2015, Apple présente sa montre connectée Apple Watch comme un accessoire de santé, mais, comme d’autres constructeurs, peine à proposer des fonctions utiles à tous. La sortie de l’Apple Watch 10, vendredi, lui apporte néanmoins un nouvel argument : la détection de l’apnée du sommeil. Cette maladie « touche 14 % des Français », rapporte Isabelle Arnulf, neurologue et cheffe du service de pathologies du sommeil à la Pitié-Salpêtrière, à Paris. Sous-diagnostiquée, elle peut causer fatigue et somnolence, voire augmenter les risques cardiovasculaires.
Samsung a lancé quelques semaines plus tôt la Galaxy Watch 7, capable de détecter cette même maladie. Ce sont les deux premières montres grand public à recevoir la validation de la Food and Drug Administration (FDA), le régulateur de la santé américain. En Europe, cette fonction devrait être homologuée d’ici à la fin du mois, selon Apple. Quant à l’entreprise Samsung, elle assure au Monde y travailler.
Simultanément, Apple cible une autre maladie courante et sous-diagnostiquée : la perte d’audition. Ses AirPods Pro 2 pourront bientôt faire office d’aide auditive, clarifiant les voix des personnes alentour. « Ces pertes touchent environ 10 % de la population, estime Denis Le Squer, directeur général de la Fondation pour l’audition, elles augmentent les risques d’isolement et favorisent la survenance de la démence. » La fonction a elle aussi été validée par la FDA, ce que les régulateurs européens devraient également faire cet automne.
La crainte d’un surdiagnostic
Pour les personnes équipées, ces fonctions devraient abaisser le niveau d’effort nécessaire à l’obtention d’un premier diagnostic, particulièrement pour les problèmes auditifs. « J’ai neuf mois d’attente sur ma consultation ORL », témoigne ainsi Candice Lacroix, responsable du service ORL de l’hôpital Cochin, à Paris. Certains pourront donc peut-être repérer leurs soucis d’oreille plus tôt, avec l’application fournie par Apple. Or « plus on appareille tôt, plus la récupération est facile », poursuit la docteure.
Denis Le Squer rappelle toutefois qu’on peut tout à fait se passer de la marque à la pomme pour se dépister. « Nous proposons une application de diagnostic auditif validée par l’Organisation mondiale de la santé, Höra », fait savoir le directeur général de la Fondation pour l’audition.
Côté apnée du sommeil, « la montre permettra peut-être de la traiter avant qu’elle devienne sévère, en adoptant une meilleure hygiène de vie, considère Isabelle Arnulf. Ses usagers se rendront mieux compte des effets de l’alcool et du surpoids. » Mais la neurologue craint les risques de surdiagnostic : « 40 % des Français ont un indice d’apnée supérieur à 15 », correspondant au seuil de l’apnée modérée déclenchant l’alerte de la montre. « Gare au flot de consultations, prévient-elle. A mes yeux, un syndrome est quelque chose dont on souffre, on ne devrait pas venir consulter en l’absence de ce symptôme. »
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