Le déploiement de la fibre optique dans le cadre du plan France très haut débit a bien avancé, même si le ralentissement sur la dernière phase inquiète par rapport au calendrier de fermeture du réseau cuivre et du transfert des abonnés ADSL qu’il faudra faire migrer vers le réseau très haut débit.
Toutefois, cette rapidité de déploiement ces dernières années a conduit à des malfaçons dans les installations et raccordements. Une sous-traitance mise sous forte pression par les opérateurs et pas toujours parfaitement formée a pu bâcler la mise en place de la fibre optique, entraînant des problèmes à répétition pour les utilisateurs (écrasement de ligne, dysfonctionnements multiples, délais de remise en service longs…).
Ces problèmes du réseau de fibre optique, particulièrement vifs dans certaines régions, remontant aux oreilles des représentants des collectivités locales qui ont régulièrement fait part de leur mécontentement aux régulateurs, aux opérateurs et au gouvernement.
Des mesures correctrices ont été mises en place avec des procédures plus encadrées, une formation labellisée pour les sous-traitants et des échanges d’informations sur les interventions plus fournis, pour aller jusqu’à l’installation d’armoires blindées afin d’éviter les manipulations sauvages.
Haro sur les plats de nouilles
Malheureusement, le mal est déjà fait en plusieurs points du réseau à très haut débit. L’Arcep, régulateur du secteur télécom, a mené une enquête sur le terrain pour évaluer l’importance des dysfonctionnements.
Elle a porté sur un ensemble de 840 points de mutualisation (PM) et 3600 points de branchement optiques (PBO) présents en zones moins denses du territoire (au niveau des zones dites AMII, AMEL et RIP ou réseaux d’initiative publique) sur 50 départements.
Selon les résultats obtenus, le régulateur observe que « seule la moitié des câblages des PM visités respecte les règles de l’art relatives à l’étiquetage des câbles et à leur organisation dans le PM« , avec un état de dégradation qui augmente en fonction du nombre de câbles.
Source : Arcep
La situation se présente mieux pour les PBO mais l’Arcep note qu’un nombre non négligeable de points de branchement présente des problèmes « qui pourraient éventuellement entraîner à moyen terme des difficultés de qualité de service« .
L’état des armoires est globalement satisfaisant sur l’échantillon visité mais demandera une vigilance pour une proportion là encore non négligeable. L’enquête relève également le moins bon état général des PBO sous voirie par rapport à ceux installés ailleurs, avec une fixation moins assurée et une étanchéité à revoir.
L’Arcep souligne que l’état des infrastructures est globalement moins bon en Ile-de-France que dans les autres régions, ce qui était déjà déductible des remontées de dysfonctionnements.
Dégradation des infrastructures : l’Arcep vigilante
Pour le régulateur, les problèmes de qualité de service de la fibre optique remontés par les collectivités ne sont pas totalement imputables à l’état des infrastructures et d’autres éléments doivent être pris en compte, comme le dimensionnement du réseau et la qualité des systèmes d’information.
Il observe cependant que l’absence de remise en état des défauts constatés via l’enquête de terrain pourrait « rendre difficile l’exploitation et obérer à plus ou moins long terme le bon fonctionnement des réseaux ».
L’enquête contribue à l’effort d’amélioration de la qualité d’exploitation des réseaux de fibre optique qui prévoit un certain nombre de mesures comme le renforcement des contrôles d’intervention, la labellisation des sous-traitants et la remise en état des infrastructures dégradées.
Et pour que cela ne reste pas lettre morte, l’Arcep se dit « vigilante à la mise en oeuvre concrète et rapide de ces actions et engagements » pour lesquels l’Autorité en assurera le suivi.