l’arme secrète de l’Europe pour contrer SpaceX

l'arme secrète de l'Europe pour contrer SpaceX



Face à la domination de SpaceX, Airbus, Thales et Leonardo s’allient dans le Projet Bromo pour créer un champion européen des satellites.

Un champion européen des satellites vient d’être officialisé. C’était dans les tuyaux depuis plusieurs jours, Airbus, Thales et Leonardo ont finalement confirmé la signature d’un protocole d’accord pour fusionner leurs activités spatiales.

Et il y avait urgence à le faire pour peser sur le secteur spatial, dont SpaceX. L’entreprise d’Elon Musk enchaîne les lancements à un rythme effréné pour développer son réseau Starlink. Avec le projet Bromo, l’Europe entend retrouver des couleurs et créer un géant mondial du spatial.

Le réveil forcé de l’Europe spatiale

La menace était devenue si grande que le PDG d’Airbus, Guillaume Faury, expliquait dès 2023 : « ou bien on travaille ensemble, ou bien on meurt ». Le Projet Bromo n’est donc pas une simple fusion, c’est une véritable riposte pour la survie.

« Ce partenariat concrétise la volonté des États européens de renforcer leurs capacités industrielles et technologiques, afin de garantir l’autonomie de l’Europe dans le domaine spatial et ses nombreuses applications », ont déclaré les patrons des trois entités dans un communiqué.

Car au-delà de l’industrie, il est bel et bien question de souveraineté. L’Europe ne peut plus se permettre de dépendre de technologies étrangères pour ses communications, son renseignement ou sa navigation. La création d’un champion unique est devenue une brique essentielle de son ambition d’« autonomie stratégique », pour ne pas laisser les clés de l’espace aux Américains et aux Chinois.

Ministre de l’Économie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et énergétique, Roland Lescure n’a d’ailleurs pas manqué d’évoquer cette méga-fusion. Il qualifie ce rapprochement d’« excellente nouvelle » et ajoute : « la création d’un champion européen des satellites permet d’augmenter les investissements de la recherche et de l’innovation dans ce secteur stratégique et ainsi renforcer notre souveraineté 🇪🇺 dans un contexte de compétition mondiale intense ».

Comment va fonctionner ce nouveau géant ?

Le projet a l’ambition de « démultiplier la force de frappe » d’Airbus, Leonardo et Thales. Cela passera par des « synergies opérationnelles », en ingénierie, en production et en gestion de projets.

L’accord prévoit la création d’une coentreprise dans laquelle Airbus détiendrait la part la plus importante (35 %), tandis que Thales et l’italien Leonardo se partageront le reste avec 32,5 % chacun. Cette nouvelle entité regroupera les forces vives du secteur, incluant Thales Alenia Space, Telespazio et plusieurs activités spatiales d’Airbus. Attendue pour être opérationnelle en 2027, la nouvelle organisation regroupera quelque 25 000 personnes en Europe.

La nouvelle entité pèsera environ 6,5 milliards  d’euros de chiffre d’affaires cumulé et un carnet de commandes équivalant à trois ans d’activité.

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La fusion a un coût, il est social

Une consolidation de cette ampleur n’est jamais sans conséquence sur le plan humain. Bien qu’il n’y ait pas de chiffrage officiel pour l’instant, les syndicats redoutent des rationalisations de sites et des pertes d’emplois. Gare aussi au risque d’une « fuite des cerveaux » où les meilleurs ingénieurs, lassés par l’incertitude, pourraient se laisser tenter par les sirènes du New Space.

Les obstacles sur la route du géant européen

Le chemin est encore long avant que le Projet Bromo ne devienne une réalité. Le premier obstacle, et non des moindres, est la Commission européenne. Elle va devoir trancher un dilemme : faut-il autoriser la création d’un monopole pour sauver l’industrie européenne, ou maintenir une concurrence interne au risque de voir tout le secteur disparaître ?

L’autre défi viendra de la concurrence. Le groupe allemand OHB, grand absent de cet accord, pourrait chercher à monter une alliance rivale. On risquerait alors de remplacer une guerre franco-italienne par une nouvelle compétition à l’échelle européenne, ce qui irait à l’encontre de l’objectif initial.

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Quoi qu’il en soit, le Projet Bromo est sans conteste le pari le plus audacieux de l’Europe spatiale depuis des décennies. S’il réussit, il créera un numéro deux mondial des satellites, capable de rivaliser avec les Américains et les Chinois sur les plus gros contrats. L’Europe disposerait enfin d’un outil industriel à la hauteur de ses ambitions stratégiques.

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Source :

BFMTV



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