L’arrestation en France de Pavel Durov, le PDG de Telegram, une première mondiale

L’arrestation en France de Pavel Durov, le PDG de Telegram, une première mondiale


Pavel Durov, le fondateur et PDG de l’application de messagerie Telegram, a été arrêté à son arrivée en France samedi 24 août, dans le cadre d’une procédure accusant Telegram de complicité dans de nombreux dossiers liés aussi bien au trafic de drogues, à l’apologie du terrorisme et au cyberharcèlement. M. Durov avait été interpellé à l’aéroport du Bourget, alors qu’il arrivait à Paris pour y passer la soirée, en compagnie de son garde du corps et de son assistante, comme l’avaient révélé TF1/LCI.

Au cœur du dossier se trouvent des accusations récurrentes sur l’absence de modération de la plateforme gérée par M. Durov. Avec près d’un milliard d’utilisateurs dans le monde, dont une large partie dans les anciennes républiques socialistes dont la Russie et l’Ukraine, Telegam est devenu, avec WhatsApp, l’une des plus importantes messageries au monde. Un succès lié à ses fonctionnalités de groupes de discussion, mais aussi à sa large absence de modération.

Libertarien revendiqué, M. Durov se dit en effet opposé à toute « censure », et son application ne collabore que très marginalement avec les réquisitions judiciaires et les demandes de fermeture de comptes ou de groupes de discussion. Une situation mise à profit par de nombreux utilisateurs : quelques minutes de recherche dans Telegram suffisent pour y trouver des groupes de vente de drogue ou de faux papiers, faisant l’apologie du terrorisme ou promouvant des escroqueries aux cryptomonnaies.

C’est pour son manque de collaboration et la modération déficiente de son application que M. Durov était visé en France par un mandat d’arrêt : l’Ofmin, chargé de la lutte contre les violences faites aux mineurs, avait discrètement lancé une enquête sur la diffusion de contenus pédopornographiques sur Telegram. Enquête à laquelle se sont ensuite associés plusieurs services enquêteurs, pour des infractions allant du cyberharcèlement au crime organisé, selon les informations de l’AFP. Sollicité par Le Monde, Telegram n’avait pas donné suite à l’heure de publication de cet article.

L’arrestation du PDG d’une application aussi populaire est une première mondiale – seul cas comparable, un juge brésilien avait ordonné en 2016 l’arrestation d’un haut cadre local de Facebook, qui avait rapidement été remis en liberté. Par le passé, de nombreux gouvernements avaient tenté de bloquer Telegram ou menacé de le faire, mais aucun n’avait émis de mandat d’arrêt contre M. Durov ou ses proches collaborateurs.

Début 2022, l’Allemagne, agacée du manque de collaboration de la plateforme dans une enquête sur un mouvement d’extrême droite soupçonné de préparer un coup d’état, avait menacé de bloquer l’application, avant qu’un accord, dont le contenu n’a pas été rendu public, ne soit trouvé. A la fin des années 2010, la Russie avait – sans grand succès – tenté de bloquer le service sur son territoire, accusant Telegram de ne pas collaborer avec ses services d’enquête, avant de renoncer. La semaine dernière encore, Telegram faisait l’objet de vives critiques de la Ligue de football professionnel française, qui accusaient l’application de ne pas modérer les flux pirates de matches de Ligue 1.

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