Depuis le lancement de ChatGPT, fin novembre 2022, nombreuses sont les professions intellectuelles à s’interroger sur les conséquences de ce logiciel, capable de créer des textes bluffants en réponse à une requête. Mais cette semaine, l’annonce successive de l’intégration de ce genre de « robot conversationnel » sur les moteurs de recherche de Google et Microsoft (Bing) fait naître une nouvelle préoccupation.
Des éditeurs de médias et de sites Web craignent en effet de voir baisser le nombre de visites reçues, notamment sur Google, qui, avec 91 % de part de marché des moteurs de recherche, représente une part majeure de leur trafic. Ils se soucient aussi déjà du droit d’auteur de leurs contenus potentiellement utilisés par l’intelligence artificielle. « Les éditeurs ont de quoi être très inquiets », estime Marc Feuillée, directeur général de Groupe Figaro.
Celui-ci rappelle que les articles d’information reçoivent des clics quand des internautes tapent sur Google des questions d’actualité, comme « Qu’est-ce qui va changer avec la réforme des retraites ? » « Si les chatbots sur les moteurs se généralisent, ce sera forcément un séisme », pense aussi Emmanuel Parody, secrétaire général du Geste, un syndicat de 140 médias et services numériques, où cette question doit être débattue en février.
Question de hiérarchie
La question dépasse les médias. « Le SEO est-il mort ? », se demandaient ces derniers jours sur Twitter certains spécialistes de cette discipline, qui consiste à optimiser le référencement des contenus sur les moteurs de recherche. Les éditeurs craignent que leurs liens apparaissent plus bas sur les pages de résultats, voire en deuxième écran, alors que les premières positions du premier écran sont les plus prisées. Ils redoutent aussi que les réponses apportées par les robots rendent inutile de cliquer.
« Avec l’IA [intelligence artificielle], ce sera encore plus compliqué de générer des ouvertures de liens (…) puisque le robot conversationnel pourra donner un résumé », décrypte Samuel Lauliac, consultant SEO chez Eskimoz, cité par le quotidien Les Echos du jeudi 9 février.
Concrètement, Google imagine que son robot, baptisé « Bard », répondra aux internautes qui cherchent par exemple « Quelles sont les constellations faciles à observer dans le ciel ? » ou « Est-il plus facile d’apprendre le piano ou la guitare ? », etc.
Selon les premières images partagées lundi, le texte de réponse occuperait une douzaine de lignes sur un écran mobile et serait suivi, plus bas, de quelques liens agrémentés de photos. Sur Bing, le moteur de Microsoft, ChatGPT répondra dans une colonne à droite de la page des résultats de recherche classique. Mais un onglet « chat » permettra de laisser tout l’espace à la conversation avec le robot, dont les réponses seront assorties de quelques liens très courts.
Il vous reste 47.86% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.