L’Australie a pris le taureau par les cornes : à compter du 10 décembre, les mineurs de moins de 16 ans ne pourront tout simplement plus utiliser les réseaux sociaux comme TikTok, Facebook ou Instagram. Meta, visé au premier chef, prévient que la mesure ne sera pas facile à mettre en œuvre. Pendant ce temps, d’autres pays regardent avec attention ce qui ressemble à un laboratoire.
Les internautes australiens de moins de 16 ans ne pourront plus poster, commenter ou discuter sur les réseaux sociaux à partir du 10 décembre. Cette nouvelle législation votée l’an dernier relève l’âge minimum de trois ans ; elle n’empêchera pas ces jeunes utilisateurs de consulter les publications si les plateformes offrent cette possibilité, mais ils n’auront plus la possibilité d’avoir de comptes.
Un exemple pour l’Europe ?
Le gouvernement australien n’a pas précisé quelles plateformes étaient concernées, en revanche les messageries comme WhatsApp ou les services de jeux et de communication (Roblox, par exemple) sont exemptées de la mesure très contraignante. Attention cependant, c’est provisoire, les autorités peuvent étendre la mesure à d’autres services en ligne.
La loi du pays oblige non seulement les plateformes à empêcher la création d’un nouveau compte pour les moins de 16 ans, mais aussi à désactiver ou supprimer les comptes existants pour ces utilisateurs. Et la sanction est salée pour les contrevenants : 50 millions de dollars australiens (28 millions d’euros) pour une brèche ! Néanmoins, le gouvernement admet qu’il ne sera pas facile de faire respecter cette disposition, car après tout les enfants savent parfaitement contourner des interdictions.
Les plateformes sont donc tenues de prendre des « mesures raisonnables » pour mettre en œuvre la législation. Par conséquent, les condamnations pour infraction à la règle devraient être rares. Anika Wells, la ministre des Communications du pays, a expliqué que « même si ce n’est pas parfait, c’est trop important pour ne pas essayer ».
L’affaire va nécessairement provoquer des remous : en Australie, 95 % des 10/15 ans ont au moins un compte sur un réseau social, selon le commissariat eSafety. Un pourcentage qui doit être similaire ailleurs dans le monde. Ursula von der Leyen, la présidente de l’Union européenne, affirmait ainsi en septembre dernier être « inspirée » par l’exemple australien. « En Europe, nous vous observons et nous tirerons des enseignements de la mise en œuvre de votre interdiction des réseaux sociaux, une première mondiale et un modèle en la matière. »
Lire L’Australie veut interdire les réseaux sociaux aux moins de 16 ans, sans expliquer comment
Reste qu’il va falloir mettre la mesure en pratique. Meta, propriétaire de Facebook, Instagram et Threads, prévient déjà que la mécanique sera loin d’être évidente. Le géant des réseaux sociaux commencera à notifier les utilisateurs jugés trop jeunes, puis prévoit de supprimer des comptes dès le 4 décembre. Mais le groupe reconnaît une marge d’erreur « significative » dans sa capacité à déterminer si un internaute a réellement plus ou moins de 16 ans. Il s’attend donc à désactiver à la fois des comptes de mineurs et ceux d’adultes parfaitement légitimes.
Les outils de vérification ont leurs limites. Les utilisateurs de plus de 16 ans privés d’accès devront prouver leur âge en fournissant une pièce d’identité ou un selfie vidéo analysé par Yoti, son prestataire spécialisé. Et ceux qui modifieront leur date de naissance devront également se soumettre à cette procédure. Le groupe affirme par ailleurs qu’il aurait préféré un système où les parents contrôlent les applications que leurs enfants peuvent installer, jugeant que « la meilleure approche reste à inventer ».
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Source :
Bloomberg