L’autorité américaine de la concurrence, la FTC, a porté plainte jeudi 8 décembre pour bloquer le rachat pour 69 milliards de dollars (65 milliards d’euros) d’Activision Blizzard, éditeur de jeux vidéo à succès comme Call of Duty, par Microsoft.
Si l’opération parvenait à son terme, Microsoft, fabricant de la console Xbox et propriétaire de plusieurs studios de développement, « obtiendrait le contrôle sur des franchises de premier plan », explique l’agence dans un communiqué. Cela « nuirait à la concurrence dans le domaine des consoles de jeux à haute performance et des services d’abonnement en refusant ou en dégradant l’accès des rivaux à ses contenus populaires », ajoute-t-elle.
La FTC prend pour exemple le comportement de Microsoft après l’acquisition d’un éditeur plus modeste, ZeniMax, maison mère de Bethesda Softworks. Une fois l’opération finalisée, Microsoft a décidé de se réserver l’exclusivité de jeux comme Starfield après avoir pourtant assuré aux autorités de la concurrence européennes que l’entreprise n’avait aucun intérêt à ne pas distribuer les jeux sur des consoles concurrentes, fait valoir l’agence.
Une enquête ouverte par la Commission européenne
Or Activision, qui compte 154 millions d’utilisateurs actifs mensuels dans le monde et produit certains des jeux vidéo les plus emblématiques, « est l’un des rares développeurs de jeux vidéo au monde à créer et à publier des jeux vidéo de haute qualité pour de multiples appareils, notamment les consoles de jeux vidéo, les PC et les appareils mobiles », souligne la FTC. « Cela pourrait changer si l’accord de rachat est autorisé », affirme l’agence.
« Nous continuons de croire que cet accord élargira la concurrence et créera davantage d’occasions pour les joueurs et les développeurs de jeux », a réagi un porte-parole de Microsoft dans un message à l’Agence France-Presse, en soulignant que le groupe avait proposé des concessions à la FTC. « Nous avons une confiance totale dans notre dossier et nous nous réjouissons de la perspective de présenter notre cas au tribunal », a-t-il ajouté.
L’opération est aussi dans le collimateur de Bruxelles, qui a ouvert début novembre une enquête approfondie sur ses effets. La Commission européenne, gardienne de la concurrence dans l’Union européenne, avait alors expliqué craindre que Microsoft puisse « verrouiller l’accès aux jeux vidéo d’Activision Blizzard » pour consoles et PC et qu’il soit tenté de mettre en place « des stratégies d’éviction des distributeurs concurrents ».
De telles stratégies pourraient entraîner « une hausse des prix, une baisse de la qualité et une réduction de l’innovation », ainsi qu’un affaiblissement de la concurrence sur le marché des systèmes d’exploitation pour PC, avançait la Commission.