Le bitcoin, la plus célèbre des cryptomonnaies, a passé la barre des 60 000 dollars, mercredi 28 février, et se rapproche de son cours historique chiffré à 68 991 dollars, atteint en novembre 2021. Sa très forte remontée, plus de 40 % de hausse en 2024, s’explique en partie par l’approbation, le 10 janvier, par le gendarme des marchés américain, la SEC, d’un fond indiciel (ETF) indexé sur le bitcoin qui permet théoriquement à un plus large public d’investir dans ces cryptomonnaies sans avoir à en détenir directement.
L’anticipation de l’autorisation d’un nouveau produit d’investissement suivant le cours du bitcoin avait contribué ces derniers mois à la remontée des prix, qui étaient largement retombés fin 2022, après la faillite de plusieurs géants du secteur.
Cela a « généré une nouvelle vague d’optimisme, faisant s’envoler les volumes de transactions », remarque Mikkel Morch, du fonds spécialisé ARK36, à l’Agence France-Presse (AFP). Les flux entrants vers ces nouveaux fonds ont été massifs, et ont soutenu le prix du bitcoin, a réagit Charles Morris, de ByteTree, également auprès de l’AFP.
Une hausse des cours favorisée par le prochain « halving »
L’analyste cite également le « halving » (ou « réduction de moitié ») comme cause du gonflement du cours. Le bitcoin est créé − ou « extrait » − en guise de récompense lorsque des ordinateurs puissants résolvent des problèmes complexes. La quantité de bitcoins est limitée et tous les quatre ans environ, la récompense accordée aux « mineurs » qui l’extraient est divisée par deux. Le prochain « halving » est prévu en avril.
Certains investisseurs désireux de récupérer leurs mises avaient initialement engendré une vague de retraits massifs du fonds GBTC (Grayscale Bitcoin Trust), après l’avoir converti en ETF. Une fois la fièvre vendeuse retombée, les flux vers les ETF en bitcoins américains, comme celui du géant de la gestion d’actifs BlackRock, ont augmenté.
Les produits d’investissements liés aux cryptoactifs cotés en bourse ont attiré environ 5,7 milliards de dollars (environ 5,15 milliards d’euros) depuis le début de l’année, selon les calculs du gestionnaire d’actifs CoinShares publiés lundi.
Autre preuve « de l’appui institutionnel croissant qui alimente la hausse des cours », selon M. Morch, l’entreprise de logiciels Microstrategy a annoncé lundi avoir acheté 3 000 bitcoins supplémentaires (l’équivalent de 155 millions de dollars aux cours d’alors selon le fondateur de Microstrategy, Michael Saylor), portant le total de ses avoirs en bitcoins à 193 000 bitcoins (environ 6 milliards de dollars).
Le cours du bitcoin a également été stimulé par les prévisions de baisse de taux d’intérêt de la Réserve fédérale américaine et des autres grandes banques centrales, diminuant l’attractivité du dollar et des bons du Trésor américains auprès des investisseurs.
Depuis le dernier halving en mai 2020, « le prix du bitcoin a augmenté de plus de 600 % », remarque Simon Peters, analyste d’eToro, et bien que le pourcentage de hausse diminue entre chaque cycle, « il est très possible que le sommet des prix se situe quelque part dans les six chiffres ».