Ce mardi 9 janvier, à 16 heures, à Washington, l’information tombe sur le compte officiel X (ex-Twitter) de la Securities and Exchange Commission (SEC), le gendarme des Bourses américaines : « Aujourd’hui, la SEC donne son accord pour la cotation d’ETF bitcoin sur les marchés de titres enregistrés. » La nouvelle était attendue avec fébrilité par tous les aficionados de la monnaie numérique. Une grande première qui consacre enfin le placement en bitcoins et lui ouvre les portes des fonds d’investissement les plus prestigieux. Le cours de la monnaie s’emballe, −on prépare le champagne.
Patatras, dix minutes plus tard, un premier démenti est apporté par Gary Gensler, le président de la SEC, qui était pourtant cité, avec sa photo, dans le tweet précédent. Il n’a rien autorisé du tout. Une heure plus tard, le gendarme de la Bourse américaine reprend la main sur son compte et explique avoir été victime d’un hackeur, qui est passé par un numéro de téléphone accédant au compte officiel.
Mais l’histoire ne s’arrête pas là. Si la communauté des fans du bitcoin est sur la braise, c’est qu’elle attend une décision cette semaine sur une demande officielle formulée par deux acteurs du domaine, ARK Investment et 21Shares.
Monnaie sans Etat
L’Exchange Traded Fund (ETF) est un fonds dont la valeur évolue en suivant un indice construit pour suivre un ensemble d’actifs, comme le CAC 40, qui suit l’évolution en Bourse des 40 plus grosses cotations de la Bourse de Paris ou son équivalent américain, le Dow Jones. Ici, l’ETF suit la valeur du bitcoin et peut lui-même être coté sur les marchés comme un titre ordinaire. Jusqu’à présent, la SEC a refusé la cotation d’un produit construit sur un actif aussi volatil et risqué que le bitcoin. Le fondateur de FTX, Sam Bankman-Fried, qui risque plus de cent ans de prison après la faillite de sa société, ne le démentira pas.
Le bitcoin, monnaie sans Etat, est au départ l’argent des pirates et des anarchistes du Net. Une décision favorable de la SEC, assortie de règles strictes, signerait son adoption par les aristocrates du marché comme Fidelity ou BlackRock, qui ont déposé leurs propres demandes d’autorisation d’un ETF bitcoin. Un feu vert, assez probable, qui sent le soufre et pousserait la finance vers de nouvelles terres inconnues.