Le blanchisseur d’un réseau d’arnaque au faux support technique condamné à Paris

Le blanchisseur d’un réseau d’arnaque au faux support technique condamné à Paris


Les condamnations commencent à tomber dans les affaires d’arnaques au faux support technique. A défaut d’avoir pu mettre la main sur la tête d’un réseau, les magistrats de la 13e chambre correctionnelle de Paris viennent ainsi de condamner l’un des acteurs clés de ce genre d’escroquerie.


Ce jeudi 8 février, ils ont déclaré Marc S. coupable de complicité d’escroquerie et de blanchiment en bande organisée, le condamnant à une peine de trois ans de prison, dont deux avec sursis.

Ce senior, qui devra également payer une amende de 10 000 euros, dont la moitié avec sursis, était devenu le relais d’une douteuse société, Xanetis, en réalité l’une des facades avec “Media config” et “Ordi config” d’un très rentable centre d’appel basé en Tunisie.

« C’est elle qui te pirate! » 

“C’était en fin de journée, en mars 2019. L’écran de mon ordinateur était devenu noir, avec une alarme sonore, n’affichant plus qu’un numéro de téléphone”, avait raconté à l’audience l’une des victimes de ce genre d’arnaque. Au téléphone, une personne se réclamant d’abord de Microsoft, avant finalement d’expliquer travailler pour Xanetis. “Elle a pris la main et m’a dit qu’un pirate pouvait faire ceci ou cela, souvient la victime. Une salariée est alors arrivée et m’a dit: mais non, c’est elle qui te pirate!”



D’autres victimes présentes à l’audience se souvenaient également d’interventions bidons, comme une soi-disante installation de l’antivirus Kaspersky, ou encore la facturation de l’installation d’une extension Adblock dans un “pack cyber” à 699 euros, une prestation bien douteuse. Un classique de l’arnaque au faux support technique, où s’il s’agit de faire croire à tort à la victime que son ordinateur est infecté par un virus ou souffre de problèmes informatiques qui peuvent être facilement résolus si l’on passe à la caisse.


C’est justement là qu’intervient Marc S. Si des victimes ont payé par carte bancaire, d’autres ont réglé la fausse intervention par un prélèvement bancaire finissant sur l’un de ses comptes. Comme ce dernier est basé en France, cela simplifie grandement l’opération de paiement. En huit mois, il va ainsi encaisser environ 1,5 million d’euros, contre une commission de 5% selon ses dires, plutôt entre 15 et 20% selon l’enquête.

Taux élevé d’annulations 

“Je ne mettais à disposition qu’un système d’encaissement, je ne savais absolument pas qu’il y avait des escroqueries”, s’était-il défendu à l’audience.

Pourtant, comme le relèvent les juges, il y avait eu plusieurs alertes, comme cette convocation à une direction départementale de la protection des populations, ou encore la forte proportion de paiements annulés, environ 550 000 euros, soit un tiers des prélèvements.



“Cela ne vous met pas la puce à l’oreille?”, s’étonnait le président du tribunal, Guillaume Daieff. “Je trouvais cela normal, c’est une méthode de vente par téléphone”, avait alors minimisé Marc S. “C’était un service de prête-nom”, ajoutait-il, sans convaincre les magistrats. “Qui sont les gens prêts à payer 200 000 euros pour un prête-nom en France?”, rétorquaient alors les juges. La question, elle est vite répondue, comme dirait l’autre.



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