Dans les grandes manœuvres qui agitent le secteur du jeu vidéo, animé par une série de rachats, le français Ubisoft faisait partie des cibles les plus en vue. C’est pourtant sa position actuelle d’indépendant que l’entreprise tricolore a réussi à conforter, en signant un nouvel accord avec son actionnaire de référence, Tencent, mardi 6 septembre.
Concrètement, le groupe chinois met 300 millions d’euros dans la holding Guillemot Brothers, principal actionnaire de la société Ubisoft, détenue par les frères Guillemot, fondateurs d’Ubisoft (200 millions d’euros d’acquisition de titres et 100 millions sur la base d’une augmentation de capital). Il en possède désormais 49,9 % des parts. En outre, le géant des jeux vidéo a consenti un prêt à long terme à la holding pour refinancer sa dette.
En dépit de cette opération, les marges de manœuvre de Tencent demeurent réduites. Dans l’immédiat, il ne pourra augmenter sa participation dans Ubisoft au-delà de 9,99 % du capital (contre 4,5 % actuellement) et renonce, pour l’instant, à prendre le pouvoir au sein du conseil d’administration. Ainsi, au terme de cet accord, la famille Guillemot peut rester pendant huit ans à la tête de la société. Mieux, la négociation s’est faite sur un calcul d’un cours d’action de 80 euros, presque le double du titre d’Ubisoft actuellement. « C’est un accord entre amis, sur la base de négociations qui ont dû durer plusieurs mois », estime Julien Pillot, enseignant-chercheur à l’Institut des hautes études économiques et commerciales.
« Un vote de confiance »
« Ce pacte vise à offrir de la stabilité au groupe et aux salariés et à démontrer que la famille Guillemot est impliquée à long terme. C’est aussi un vote de confiance de Tencent », explique-t-on au sommet de l’entreprise. « Cela ne change rien » dans la gouvernance, complète une autre source dans l’entreprise. « La famille a augmenté son contrôle », ajoute-t-on. Tout au plus convient-on en interne que l’opération permettra « de renforcer les liens dans le futur », ceux-là mêmes qui ont été noués depuis quatre ans entre les deux compagnies.
Le chinois était entré au capital d’Ubisoft en 2018, grâce au retrait de Vivendi de la compagnie française. Si la séparation a permis de tourner la page de relations tumultueuses avec la multinationale, elle a surtout permis à Ubisoft de prendre pied sur le marché chinois et de trouver un partenaire spécialiste dans le secteur des jeux mobiles, sur lequel il pesait peu jusque-là.
Côté catalogue, Ubisoft ne manque pas de cartes dans son jeu. Avec des licences à succès telles que Assassin’s Creed, Tom Clancy, Just Dance, Prince of Persia ou Watch Dogs, le studio français est l’un des plus en vue du secteur. Il bénéficie également d’une des plus grandes forces créatives dans le domaine, avec des équipes établies en Europe, en Amérique et en Asie.
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