Au Computex 2024, au milieu des PC, des cartes graphiques et autres composants électroniques, les hôtesses ont encore toute leur place, alors même que la pratique est de plus en plus critiquée dans les autres salons de la Tech.
Des regards lubriques, des sourires en coin, des photos prises à la volée… Non, vous ne rêvez pas, il y a encore des babes (ou hôtesses aux tenues légères quand on veut être poli) en 2024 dans un salon. Cela se passe au Computex à Taïwan.
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Sur le stand MSI, une jeune femme joue sur un PC de la marque flambant neuf. Robe noire affublée du logo de la marque, sourire aux lèvres, elle n’a pas l’air particulièrement absorbée par sa partie. Comment le pourrait-elle ? La jeune femme est constamment interrompue par des visiteurs qui ne paraissent pas non plus particulièrement absorbés par le produit derrière elle.
Lorsqu’elle est alpaguée, s’engage alors un cérémoniel étrange. La jeune femme quitte sa station de jeu et se tourne vers le visiteur, puis prend diverses pauses, à gauche, puis à droite, afin d’être immortalisée par l’appareil photo du smartphone de celui qui l’interrompt. Plus loin, un homme d’une soixantaine d’années ne parait pas oser l’aborder, et attrape une photo volée.
GSkill organise un défilé gênant
À un autre stand, celui de GSkill, un concours d’overclocking se tient. Nous voilà revenus à l’univers PC ? Manqué ! Les composants utilisés lors du concours sont exposés un à un lors d’un défilé de mannequins. Une présentatrice égraine les noms des produits tandis que les jeunes femmes se tournent vers un public nombreux. En fin d’exercice, les représentants de la marque se placent au milieu des femmes pour un long photo-call.
Mais tous les stands n’ont pas une approche aussi élaborée de la pratique. Devant Zotac par exemple. Les hôtesses sont carrément postées devant le logo de la marque pour attirer le chaland. En bas d’un escalator, une femme peu vêtue distribue des flyers « bières gratuites » pour un évènement se tenant à partir de 18 h.
Une pratique bannie en Europe
À Taïwan, nous sentons bien que le regard porté sur cette pratique est différent de ce qu’il peut être en Europe par exemple. Depuis quelques années, les fameuses « filles de char » ont disparu des podiums du mondial de l’auto par exemple. À l’IFA 2023, lorsque Honor organise un défilé de mode pour présenter son dernier smartphone, le Honor Magic V Purse, la marque le justifie par le concept même du téléphone : un smartphone inspiré d’un sac à main qui tente la fusion entre la mode et la tech.
Au Computex 2024, il n’y avait pas autant de scrupules. Dans le salon asiatique, force est de constater que la pratique est encore bien ancrée.
Ceci étant, il faut reconnaître que tous les stands ne s’adonnent pas à la pratique (encore heureux). Parmi les trois géants taïwanais du PC, Acer, Asus et MSI, possédant les plus grandes surfaces exposantes en plein cœur du salon, seule MSI s’aventurait sur ce terrain. En outre, au sein des forces de vente des marques chargées de parler des produits, il ne nous a pas semblé que la proportion d’hommes et de femmes penchait pour un genre ou l’autre, ou que les consignes d’habillement différaient. C’est déjà ça ?
La photo de Jensen
Une scène en particulier a marqué la semaine du Computex et fait quelque peu écho à la situation. Jensen Huang, patron de Nvidia et véritable star à Taïwan, pays du semi-conducteur, s’est aventuré à plusieurs reprises sur le salon, occasionnant une véritable marée humaine autour de lui.
À cette occasion, une image est capturée et circule alors abondamment sur les réseaux sociaux : on y voit l’homme d’affaires signant d’un autographe le soutien-gorge d’une femme. Chacun se fera son avis sur la séquence. L’un y verra simplement une fan qui témoigne du statut de rock star du CEO. L’autre y verra une symbolique un peu plus gênante, où l’homme et la femme ne sont pas tenus au même rôle, surtout dans un salon où les hôtesses peu vêtues côtoient les hommes d’affaires en costard cravate.
Une vidéo sur Twitter (X.com) donne un autre son de cloche à la scène. On y entend la femme insister pour obtenir son autographe et Jensen Huang hésiter. Il déclare, manifestement amusé par la demande : « Vous êtes sûrs ? Est-ce vraiment une bonne idée ? » Il devrait peut-être passer le mémo à certains de ses partenaires commerciaux.
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