« Le déclin d’Intel est la conséquence de trois virages ratés qui ont, à chaque fois, fait apparaître un nouveau concurrent »

« Le déclin d’Intel est la conséquence de trois virages ratés qui ont, à chaque fois, fait apparaître un nouveau concurrent »


En 1991, Intel est en pleine ascension, avec l’essor des micro-ordinateurs PC. Pour faire savoir qu’il est le concepteur du cerveau physique de toutes ces machines, l’électronicien invente le slogan « Intel Inside ». Hormis les irréductibles résistants d’Apple et le petit concurrent AMD, la firme californienne contrôle l’écrasante majorité du marché, avec des marges bénéficiaires dépassant l’entendement. Le duo Microsoft-Intel écrase de sa puissance l’industrie high-tech mondiale.

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Aujourd’hui, ce serait plutôt Intel outside. L’entreprise, autrefois pilier de la Silicon Valley, ne cesse d’enchaîner les déconvenues et les plans de restructuration. Le dernier, le 2 août, prévoit le licenciement de quinze mille personnes. Conséquence de cette descente aux enfers, le cours de Bourse a plongé de 50 % depuis le début de 2024, et les rumeurs de rachat s’amplifient. La plus récente : celle de discussions en cours avec son concurrent Qualcomm, révélées par le Wall Street Journal, vendredi 20 septembre. L’électronicien texan est valorisé près de 190 milliards de dollars (170 milliards d’euros) en Bourse, soit deux fois plus que l’ex-empereur des puces.

Le déclin d’Intel est la conséquence de trois virages ratés qui ont, à chaque fois, fait apparaître un nouveau concurrent. Le premier est celui des mobiles, qui a vu émerger Qualcomm et son modèle sans usine. Trop gourmandes en énergie, les puces d’Intel n’ont jamais percé sur ce marché devenu essentiel. Le second est technologique. En choisissant une technologie de fabrication maison contre celle du néerlandais ASML, il a perdu le leadership de la finesse de gravure et permis au taïwanais TSMC de devenir le leader incontesté des puces les plus puissantes.

Enfermé dans ses certitudes

Le dernier rendez-vous manqué est celui de l’intelligence artificielle. Il n’a pas senti à temps l’essor des cartes graphiques pour accroître les capacités de calcul des centres de données, le dernier marché où il était encore dominant. Son compatriote Nvidia rafle la mise et voit son chiffre d’affaires et ses bénéfices s’envoler, tandis que son cours de Bourse représente trente fois celui d’Intel (2 850 milliards de dollars).

De ces trois déconvenues, l’entreprise, enfermée dans ses certitudes, n’a pas voulu conclure que le modèle dominant était désormais celui de la séparation entre la conception (Nvidia, Qualcomm) et la fabrication (TSMC). Pour une bonne raison : le coût exorbitant des usines, 20 milliards de dollars l’unité aujourd’hui. A l’exception de Samsung, le modèle « fabless » a gagné partout. En 2023, Intel a dépensé 26 milliards de dollars en investissement physique, soit la moitié de son chiffre d’affaires, Qualcomm, 1,5 milliard, soit 4 % de ses revenus. L’heure des choix est arrivée.



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