Tandis qu’Airbus et Boeing enchaînent les nouveaux de ventes de leurs avions au Farnborough Airshow, Embraer présente le premier système de décollage automatique. Plus économe, il sera aussi plus vertigineux. Les premiers vols commerciaux sont prévus l’année prochaine.
Le constructeur d’avions brésilien Embraer a tenu une conférence inédite, lors du salon aéronautique de Farnborough, au sud-ouest de Londres en Angleterre. Face à Boeing et Airbus, il compte lancer dès l’année prochaine les premiers vols commerciaux dotés d’un système de « décollage automatique », qui laissera le pilote automatique gérer toute la phase d’accélération sur la piste, la rotation de l’appareil et sa montée dans les airs.
Contrairement à un décollage effectué par un pilote, Embraer a montré que ses avions pourront suivre un angle de tangage (l’angle d’inclinaison) bien supérieur avec le mode automatique activé, pour gagner en altitude plus rapidement. Le but, dans le même temps, sera de consommer le moins possible. Avec ses outils, le constructeur redéfinir ce qu’est une trajectoire idéale, avec le meilleur ratio entre le gain en altitude et la consommation des réacteurs. Le tout sans compromettre la sécurité de l’appareil, notamment sur le risque de décrochage.
C’est Luís Carlos Affonso, le vice-président de l’ingénierie et de la technologie chez Embraer qui a présenté le système lors du briefing au Farnborough Airshow. Il annonçait avoir breveté la technologie baptisée Embraer Enhanced Takeoff System abrégé en E2TS (système de décollage amélioré d’Embraer), sur lequel les ingénieurs du constructeur travaillaient depuis trois ans. Ce dernier intègrera la gamme d’appareils de la famille des E2, dont l’Embraer E-195 E2.
Le graphique présenté lors de la conférence n’a pas manqué de faire réagir le milieu de l’aéronautique, et notamment les pilotes. Sur le réseau social X, le moniteur de vol spécialisé sur Boeing 787 James Shepard écrivait : « Ce graphique est franchement ridicule. Je suppose qu’ils ne l’ont montré à aucun pilote ? À moins de décoller à pleine puissance et de déclasser le décollage des ‘pilotes inutiles’, une rotation plus ‘précise’ fera de minuscules différences, voire aucune, dans la trajectoire de montée de l’avion ». Un autre internaute écrivait : « Cela a l’air un peu raide. Pas sûr que le personnel de bord apprécie ».
The E195-E2 Tech Eagle is a highlight at the Farnborough Airshow with its innovative design, outstanding performance and fuel efficiency. Follow us for more updates.@FIAFarnborough #WeAreEmbraer #EmbraerStories #EmbraerAtFIA2024 #FIA2024 pic.twitter.com/cDGjo6Rlwh
— Embraer (@embraer) July 24, 2024
Embraer veut contrer Airbus et son A220
En parallèle à Boeing et Airbus, ces avions de ligne sont arrivés à se faire une place chez les compagnies pour effectuer des vols de courte ou moyenne distance, avec des cabines plus petites et capables de rentabiliser certaines liaisons qui ne le seraient pas avec un A320 ou un 737. Ces appareils sont aussi plus légers, et donc plus efficaces sur certains terrains, comme à London City dans le centre de Londres. En même temps, Embraer prône sa capacité à relier des villes assez espacées, avec un appareil dont le rayon d’action atteint 4 917 kilomètres.
Le premier E-195 E2 a être sorti sur le marché remonte à 2017. À ce moment, Embraer avait un boulevard face à ses concurrents. La situation n’est plus la même aujourd’hui avec Airbus qui a récupéré le projet CSeries de Bombardier, pour en faire un A220 parmi les plus économes du marché, grâce à ses ailes très légères et ses technologies de pointe. Avec son système de décollage automatique, Embraer compte lui tenir tête, en réduisant les coûts de l’une des phases les plus coûteuses d’un vol en termes de consommation de carburant.
Malheureusement, le salon aéronautique de Farnborough n’a pas encore réussi à Embraer, qui n’enregistrait aucune nouvelle commande auprès des compagnies. La dernière en date remonte au début du mois de juin, avec la Mexicana de Aviación, qui signait pour un lot de 20 nouveaux E-195 E2 dans sa flotte d’ici le second semestre 2025. Le PDG du constructeur, Francisco Gomes Neto, s’est pourtant montré rassurant. Il déclarait : « Embraer arrive en forme à ce salon. Le carnet de commandes est au plus haut depuis ces sept dernières années ».
Pour s’afficher dans le vert, Embraer peut notamment compter sur son avion de transport militaire, le C-390, qui a enregistré neuf nouvelles ventes au Farnborough Airshow. Cinq appareils sont destinés à l’Armée de l’air néerlandaise, et quatre autres à l’Autriche.
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Source :
Airways Magazine