Qui remportera le match entre la Citroën ë-C3 et la Renault R5 électrique ? L’année prochaine, les deux rivales françaises sortiront leur nouveau modèle à moins de 25 000 euros et partiront sur des stratégies différentes pour tenter de conquérir ceux qui n’ont pas encore trouvé économiquement intéressant de quitter la voiture thermique. Le segment B, cher aux Français, va s’électrifier. Et sa concurrence s’électriser.
La confrontation entre Stellantis (Peugeot, Citroën) et Renault s’est jusqu’à présent matérialisée par des matchs entre SUV électriques, comme les récents 3008 et Scénic. Place dès lors au segment des citadines électriques de 4 mètres, dotées de plus de 300 kilomètres d’autonomie et proposées à un prix attractif, comme le fait déjà Fiat avec la 500e, MG avec la MG4 ou encore Dacia avec la Spring.
Une course contre la montre est d’ores et déjà lancée. Renault planifie de retirer ses Zoé et Twingo E-Tech l’année prochaine et Volkswagen travaille sur une ID.2 au même niveau de prix. Le gouvernement français, aussi, lance en ce mois de novembre un plan de financement pour équiper des milliers de Français d’une voiture électrique à moins de 100 euros par mois. La Citroën C3 électrique 2024 pourrait faire partie de l’offre.
Prix et disponibilités
Citroën lancera son ë-C3 avant Renault et sa R5 électrique. Elle l’a dévoilé dans sa version de commercialisation alors que Renault tient toujours le mystère. Ainsi, la Citroën C3 électrique est prévue pour être lancée lors du second trimestre 2024, au printemps prochain donc. Quant à la R5 de Renault, sa commercialisation est attendue pour l’automne 2024, et sa présentation au printemps.
La marque aux chevrons a déjà présenté sa C3 électrique au mois d’octobre, l’occasion pour elle d’annoncer son prix : la citadine électrique démarrera à 23 300 euros dans sa configuration de base au lancement. Une configuration baptisée You et qui sera, en 2025, complétée par une autre plus accessible encore, à moins de 20 000 euros. Ces tarifs ne comprennent pas le bonus écologique – autrement dit la C3 électrique de Citroën coûtera 18 300 euros et aux alentours de 15 000 euros en 2025. Référence actuelle, la Dacia Spring coûte 20 800 euros et 15 800 euros bonus compris (disponible pour les commandes jusqu’au 15 décembre prochain).
Les détails tarifaires de la Renault R5 électriques ne sont pas encore connus. Luca de Meo, le patron de la marque, parlait à l’origine d’un prix à 20 000 euros, mais l’inflation en a décidé autrement et la marque travaille désormais à ce que la R5 électrique puisse être commercialisée en dessous des 30 000 euros.
Nous allons le voir à la suite de ce comparatif Renault R5 électrique vs Citroën C3 électrique : la proposition de la marque aux losanges fera intervenir deux batteries différentes dans sa gamme, ce que ne propose pas Citroën avec sa ë-C3, qui se contente d’une batterie. La plage tarifaire chez Citroën sera donc plus étroite. Les clients choisiront plutôt des modèles d’entrée de gamme là où Renault cherche à ce que ses clients viennent cocher plusieurs options et opter pour des versions mieux équipées.
Conception : le made in France ou non
La conception d’une voiture électrique à moins de 25 000 euros diffère entre Renault et Citroën. La seule qui sera entièrement produite en France est la Renault R5 électrique. Les lignes de Douai, dans le département du Nord, se chargeront de l’assemblage de la voiture quand une usine à Cléon en Normandie fournira la batterie. La seule petite entrave se trouvera du côté de la batterie de 42 kWh qui sera pendant un an fournie par un fournisseur chinois, avant d’être rapatriée en France.
Le groupe Stellantis, avec Citroën, n’a pas franchi le pas d’une production française de sa nouvelle C3 électrique en France, faute d’y trouver une main-d’oeuvre trop chère. Seul le moteur de la citadine sera produit à Trémery en Moselle. Le reste de la voiture sera assemblé en Slovaquie et les batteries proviendront de Chine, par le fournisseur Svolt. À savoir que la Dacia Spring aussi est une voiture produite en dehors de la France. Celle-ci provient de Chine, d’où le fait que la citadine perdra, en janvier prochain, son éligibilité au bonus écologique de 5 000 euros.
Différences de style
Il est intéressant de constater combien de modèles électriques à moins de 25 000 euros trouvent l’inspiration de leurs lignes dans des looks du passé. Renault, comme l’indique assez clairement le nom de son futur modèle, a les yeux tournés vers les années 70. La citadine rejoindra ainsi Fiat et Mini qui continuent de profiter d’un style très efficace d’antan.
Ce qui n’est pas le cas de Citroën, au contraire. La nouvelle C3 électrique change tout. Rien n’en reste de l’actuelle C3 dont les lignes sont globalement les mêmes depuis 2016 et la sortie de la nouvelle génération de la citadine.
Les lignes de la ë-C3 deviennent très droites. Il n’y a plus les mêmes courbes qui faisaient tout l’ADN de la marque jusqu’alors. Le capot et le toit horizontal mèneront la marque là où Renault compte aussi faire son trou. Citroën pourra se justifier d’avoir déjà lancé un modèle aux lignes plus carrées sur les marchés émergents, mais à ce titre, elle ne partage pratiquement rien de cette dernière.
La rupture est tout de même assez significative, à l’image de la fin des chevrons prédominants sur la face avant. La ë-C3 inaugure un logo plus classique, que ce soit à l’avant ou à l’arrière. Et même si l’ensemble vient jouer dans la cour de certains modèles comme le T-Cross de Volkswagen (qui est un peu plus gros tout de même), Citroën se devait de trouver quelque chose de plus habitable et aussi de plus proche d’un style de petit SUV – une tendance qui n’en finira probablement pas de si tôt en vue des attentes des clients.
Tout cela sans bouleverser les dimensions : la C3 électrique fait seulement 1 centimètre de plus en longueur et en largeur. La hauteur de la citadine augmente pour sa part de 9 centimètres.
Chez Renault, l’ordre est à l’abaissement du poids sur la R5 électrique face à la C3. Même si la voiture se veut plus design, l’idée sera de faire mieux et plus léger qu’une Renault Zoé. Les prévisions sont à 15 kilogrammes de moins sur la balance. Le style pourra encore évoluer comparé à ce que l’on peut aujourd’hui voir et imaginer du précédent concept. La marque compte sur un style vraiment angulaire et un capot vraiment horizontal, qui pourraient d’ici à sa révélation être légèrement modifiés par nécessité législative ou par contrainte de production.
Habitacle
En matière d’habitacle, Citroën fait des économies, mais le match n’est pas gagné pour Renault. À bord de la C3 électrique, les inspirations viennent surtout du reste de la gamme du groupe Stellantis, qui comprend des marques comme Peugeot et Opel. Citroën récupère d’ailleurs le format de petit volant de Peugeot, chère à la 208 et qui continue de faire son charme.
L’habitacle de la Renault R5 sera probablement mieux doté que celui de la Citroën, qui ne propose pas d’écran digital sur son entrée de gamme. La marque aux chevrons a tout de même eu l’intelligente idée d’ajouter un emplacement pour smartphone, avec une application permettant de contrôler ce dernier via les boutons raccourcis du volant.
Le reste de l’habitacle de la Citroën C3 électrique est majoritairement constitué de plastiques durs. Cela dit, un frein à main électrique est disponible de série. Chez Renault, le manque d’informations sur l’habitacle nous limite pour dresser un comparatif. Il faudra tout de même que la R5 soit suffisamment à la hauteur, car Citroën peut s’appuyer sur son savoir-faire en matière de confort de sellerie. Même la suspension hydraulique chère aux C4 et autres C5 sera de la partie. La position de conduite assez verticale devrait elle aussi séduire.
L’habitabilité serait une réussite du côté de Citroën, d’autant plus que le coffre ne change pas comparé à l’ancien modèle thermique. Chez Renault, la R5 fera probablement moins de 4 mètres, ce qui pourrait pénaliser le coffre. La ligne de la voiture pourrait elle aussi lui causer du tort. À savoir que le coffre d’une Zoé est de 388 litres, et celui d’une Twingo E-Tech de 240 litres.
Moteurs, batteries, autonomie
Le match des citadines électriques à moins de 25 000 euros s’articulera aussi et surtout du côté de l’autonomie. Forcément, la seconde vague de citadines électriques en France doit faire mieux que la première, et peut s’appuyer sur une base plus solide. Les batteries sont plus grosses, plus efficientes, et les châssis sont désormais étudiés comme des plateformes dédiées à l’électrification.
Mais Renault et Citroën ne prennent pas la même direction sur ce point. D’un côté Citroën a choisi une batterie chinoise LFP (lithium-fer-phosphate), moins chère et moins efficiente, quand Renault proposera une batterie en NMC (nickel-manganèse-cobalt) plus chère et plus efficiente. Même chose pour la plateforme, avec une conception exclusivement conçue pour une motorisation électrique sur la R5 et une offre plus diversifiée chez Citroën, avec des thermiques.
Nous savons déjà que Citroën se limitera à 320 kilomètres par le biais d’une batterie fournie par la marque Svolt. Par souci économique très certainement, les blocs de 50 kW des Opel Corsa et Peugeot 208 n’ont pas été commandés pour la ë-C3 de Citroën, qui embarquera donc une batterie de 42 kWh. Celle-ci sera néanmoins compatible avec la recharge rapide en courant continu, jusqu’à 100 kW (mieux qu’une e-208). Face à la Dacia Spring, la Citroën C3 électrique propose 100 kilomètres de plus d’autonomie selon le cycle WLTP.
Renault sera plus complet en matière de moteurs et de batteries, pour proposer différents niveaux d’autonomie. Il y aura le choix très certainement entre 42 et 52 kWh. La première batterie sera fournie par un autre fournisseur chinois, mais seulement pour une durée d’un an. Ensuite, Renault se fournira en batteries essentiellement françaises, produites à Douai. Les moteurs proviennent de leur côté de Cléon en Normandie. L’autonomie de la R5 électrique pourrait atteindre 400 kilomètres avec sa batterie la plus grosse.
En parlant de moteurs, celui de la Citroën C3 électrique sera de 83 kW, soit 113 ch. Sa vitesse de pointe est d’ores et déjà connue : 135 km/h et son 0 à 100 km/h s’effectuera en 11 secondes. Chez Renault, il y a aura un peu plus de choix et la R5 électrique sera un peu plus puissante. Le moteur qui équipera la citadine sera décliné en deux versions, l’un de 125 ch et l’autre de 150 ch. À noter que la baisse de la masse de la voiture comparée à une Renault Zoé serait liée à ce nouveau moteur, plus léger de 20 kilos.
Conclusion
Le comparatif entre la Citroën C3 électrique et la Renault R5 électrique est amené à évoluer, alors que les deux modèles n’ont pas encore été lancés en production et que la marque au losange n’a même pas encore présenté la version commercialisée de la R5 électrique. Ceci dit, les directions que prendront les deux marques semblent déjà différentes.
Renault ne cherche plus à proposer un simple modèle d’entrée de gamme. Comme Peugeot l’a fait avec la 208, la R5 électrique veut que son coeur de gamme se trouve ailleurs que sur le premier niveau de finition. Ce qui ne sera peut-être pas le cas de Citroën, qui a déjà prouvé qu’un modèle pas cher comme la Citroën Ami pouvait être un succès.
Le marché français sait se montrer répondant et Citroën comme Renault devront viser juste. L’opportunité est grande : MG4 et Dacia Spring ne seront plus éligibles au bonus écologique, mais il faudra encore aux constructeurs français une offre suffisamment attractive. Même si l’exportation des modèles est certaine, c’est en France que se joueront leurs volumes et la rentabilité qui en découlera.
Stellantis continue de faire ce que faisait PSA à l’époque : prolonger le plus possible sa proposition de modèles thermiques. Renault continuera à chercher à monter en gamme, pour viser une rentabilité plus importante sur chaque modèle là où Citroën visera avant tout le volume. Avec une commercialisation bien plus tôt, la nouvelle C3 pourrait bien prendre les devants.