Des colonnes vides, des messages d’erreur : depuis le dimanche 2 juillet, de très nombreux utilisateurs de Tweetdeck, la très populaire application permettant de lire et d’envoyer des messages sur le réseau social Twitter, signalent que leur outil favori connaît d’importants dysfonctionnements. Tweetdeck n’est pas le seul dans ce cas : depuis vendredi, Twitter semble touché par de multiples perturbations.
Elon Musk, le patron de l’entreprise, avait annoncé samedi une série de mesures visant à réduire le nombre de messages pouvant être lus par un même utilisateur : de manière « temporaire », Twitter allait réduire le nombre de messages pouvant être consultés à quelques centaines, ou quelques milliers pour les abonnés au service payant Twitter Blue. Les messages Twitter, historiquement lisibles par tous, même sans compte, sont par ailleurs depuis vendredi désormais uniquement visibles si l’on en possède un.
M. Musk a justifié ces limitations par le « niveau extrême de scraping [pratique qui consiste à collecter automatiquement des données sur un site] » auquel faisait face, selon lui, le réseau social. D’après l’homme d’affaires, des entreprises cherchant à développer des modèles d’intelligence artificielle abuseraient de la nature ouverte de Twitter et bombarderaient les serveurs de l’entreprise de requêtes les poussant dans leurs retranchements, justifiant la prise de mesures extrêmes et temporaires.
Mais ces explications générales sont jugées peu convaincantes par les spécialistes. Twitter n’a en effet fourni aucun détail technique sur les problèmes rencontrés par les utilisateurs ces derniers jours, et dont on ignore les raisons exactes. Elon Musk s’est contenté d’un laconique « on regarde », en réponse à des internautes lui signalant des problèmes d’accès à certaines fonctionnalités.
« La manière la plus simple de casser Twitter »
Durant le week-end, de nombreux utilisateurs spéculaient que les problèmes pouvaient être liés à l’échéance d’un important contrat que Twitter a passé avec Google, pour l’hébergement de plusieurs services-clés, et dont la facture n’aurait pas été honorée. Mais cette rumeur a depuis été démentie.
De leur côté, plusieurs développeurs ont noté que les perturbations de ces derniers jours pourraient plutôt trouver leur origine dans la mise en place hâtive des limitations annoncées par M. Musk. Une mise à jour de Twitter, en fin de semaine dernière, pourrait ainsi avoir déclenché par erreur une « boucle » envoyant de très nombreuses requêtes inutiles aux serveurs de l’entreprise, provoquant des surcharges.
« Ce n’est pas la première fois qu’ils cassent complètement le site en bricolant le limiteur de débit [outil permettant notamment de limiter le nombre de messages affichés à un utilisateur] », écrit Yoel Roth, l’ancien responsable de la modération de la plate-forme, licencié par Elon Musk. « C’était l’un des outils les plus surveillés pour de bonnes raisons. Faire n’importe quoi avec le limiteur de débit est la manière la plus simple de casser Twitter. »
Depuis qu’il a pris le contrôle du réseau social à la fin de 2022, Elon Musk a licencié une grande partie des équipes d’ingénierie du réseau social afin de réduire les coûts de l’entreprise, déficitaire. Ces coupes majeures font craindre à de nombreux observateurs que la plate-forme soit désormais mal équipée pour faire face à un problème technique majeur, qui pourrait entraîner des dysfonctionnements en cascade. Les fortes perturbations de Twitter ont entraîné dans leur sillage des dysfonctionnements chez son nouveau concurrent BlueSky, qui a dû limiter dans le week-end les préinscriptions à son service pour faire face à un afflux de demandes.