Un coup de pression : la présidente de l’Arcep, lors de sa conférence Territoires connectés, a rappelé que les opérateurs devaient tenir leurs engagements en matière de déploiement de la fibre. Elle appelle aussi le nouveau gouvernement à se saisir de ce dossier.
Les échéances de fermeture du réseau cuivre se rapprochent, pendant que les raccordements à la fibre ralentissent : à l’occasion de sa conférence annuelle Territoires connectés jeudi 26 septembre, Laure de La Raudière, la présidente de l’Arcep, a souhaité rappeler les engagements des opérateurs télécoms en la matière, rapporte Contexte ce vendredi 27 septembre. « Assurer une couverture fibre de qualité, c’est essentiel pour la vie des Français », soulignait la veille dans les pages des Echos celle qui préside le gendarme français des télécoms.
Car si, aujourd’hui, près de 38 millions de foyers sont éligibles à la fibre (soit 87 % des habitations de l’Hexagone), il reste près de 5,5 millions de foyers qui n’ont pas été raccordés. De quoi mettre à mal la dernière partie du Plan France Très Haut Débit (PFTHD) lancé en 2013. Selon le PFTHD, les Français devraient avoir accès à une connexion Internet en fibre optique (donc à très haut débit) d’ici fin 2025, soit en fin d’année prochaine.
Un nombre de raccordements à la fibre qui ralentit
Or, le rythme de déploiement de la fibre a ralenti. Au deuxième trimestre 2024, le nombre de raccordements a diminué de 25 % par rapport à la même période un an plus tôt. Et les derniers déploiements seraient les plus difficiles à mettre en place. La décision prise par le gouvernement en février dernier, qui cherchait à faire des économies, n’a pas non plus aidé : l’exécutif a décidé de réduire de 150 millions d’euros son budget consacré au déploiement de la fibre en 2024 : des coupes budgétaires non prévues qui ont mis debout associations de consommateurs et membres de la filière. Le secteur craint d’ailleurs une nouvelle coupe avec le gouvernement de Michel Barnier. Dans un communiqué commun, la fédération InfraNum, qui regroupe les acteurs des infrastructures numériques, l’Avicca et la FNCCR (des associations d’élus locaux) s’inquiètent de la place accordée aux télécoms par les ministres du nouveau gouvernement. Ces derniers demandent « un portage politique complet du numérique ».
Car en 2030, le réseau cuivre devrait totalement être débranché. Et dès le 31 janvier 2026, l’ADSL ne pourra plus être commercialisée, avec des débranchements progressifs en fonction des zones géographiques, jusqu’en 2030.
Ce calendrier va-t-il être tenu dans la pratique ? Pour la présidente, interrogée par Les Echos, « on entre dans le vif du sujet. Nous allons avoir besoin d’un portage politique pour bien expliquer aux Français ce qu’il va se passer ». Un portage qui pourrait être assuré non pas par la nouvelle secrétaire d’État en charge de l’IA et du Numérique – Clara Chappaz – mais Marc Ferracci, le ministre délégué à l’Industrie, explique Contexte. Les décrets d’attribution devraient confirmer ce point.
Et sur ce point, la présidente de l’Arcep insiste : le gouvernement doit se saisir de ce dossier pour donner « un cadre justifié aux démarches nécessaires des opérateurs. Cela permettra aux Français d’anticiper les travaux à faire, cela rassurera sur les solutions de connectivité existantes à la place du cuivre », a déclaré Laure de La Raudière devant un parterre de représentants du secteur, citée par Contexte. Il faut « un portage politique de la fermeture du réseau cuivre, une communication d’État, une communication du gouvernement », a-t-elle ajouté.
« Un dispositif d’accompagnement des ménages les plus modestes serait bienvenu »
Si ce calendrier n’est pas respecté, l’Arcep compte bien agir : elle a mis en demeure quelques mois plus tôt Orange et Altice, pour qu’ils respectent bien leurs engagements. Et le régulateur des télécoms compte contraindre les récalcitrants à maintenir le réseau cuivre partout où la fibre ne sera pas prête. « Si le déploiement n’est pas terminé, la fermeture du réseau cuivre ne pourra pas être réalisée sur la zone concernée », explique la présidente dans le rapport annuel de 2024, publié le 12 septembre dernier. Le gendarme préparerait une liste de toutes les communes concernées, précise Les Echos.
Autre problème, le passage à la fibre nécessite, dans certains cas, des travaux d’installation, à la charge des particuliers – ces derniers devant creuser une tranchée entre le point de raccordement de la fibre, et leur domicile. Et ce coût peut être difficile à porter : de quoi constituer « un autre domaine où il pourrait y avoir un portage politique », a avancé Laure de La Raudière chez nos confrères. La demande a été répétée par la présidente de l’Arcep pendant la conférence, rapporte Contexte. Bien que le débat appartienne « aux parlementaires et au gouvernement », « il me semble qu’un dispositif d’accompagnement des ménages les plus modestes serait bienvenu », a-t-elle déclaré.
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