Face à la prolifération des satellites dans l’espace, Space Armor veut agir en bouclier sans bloquer les communications
L’orbite basse est devenue un véritable Far West, en partie à cause du « dépotoir orbital » généré par des méga-constellations comme Starlink. Avec des milliers de satellites lancés en quelques années, l’espace est saturé. Le moindre boulon perdu devient un projectile mortel.
On parle de millions de débris, souvent indétectables, qui filent à plus de 25 000 km/h (environ 7 km/s). Ce bon vieux « caillou » qui percute le pare-brise sur l’autoroute prend des airs de blague à côté. En orbite, le moindre impact peut pulvériser un réservoir, transpercer une batterie ou mettre hors service un satellite à plusieurs millions de dollars.
Jusqu’à présent, la solution standard était… une simple plaque de métal. Une technique qui date des années 40, mais qui a deux défauts majeurs.
Le vieux bouclier en alu : une fausse bonne idée
Le principe de ces vieux boucliers en aluminium était simple : une plaque sacrificielle encaisse le premier choc et vaporise le projectile. Le problème ? C’est du métal et quand il est frappé à cette vitesse, il explose.
En voulant se protéger d’un débris, le bouclier va en créer des milliers d’autres. C’est le cercle vicieux parfait, connu sous le nom de « syndrome de Kessler », où chaque collision augmente la probabilité de futures collisions.
Pire encore, ces plaques de métal sont lourdes et opaques aux ondes radio. C’est un comble quand on sait que la partie la plus critique d’un satellite, c’est son antenne de communication. On protégeait le coffre-fort en le rendant inutilisable.
Space Armor : la révolution composite d’Atomic-6
C’est là qu’entre en jeu Atomic-6, une entreprise basée en Géorgie. Ils viennent de dévoiler « Space Armor », un bouclier d’un nouveau genre. Fini le métal, place aux composites avancés.
Leur secret vient d’un procédé de fabrication propriétaire (fibre-résine) qui change totalement la donne.
« Tout le monde savait que les matériaux composites pouvaient potentiellement faire de meilleurs boucliers, plus légers et plus forts », explique Trevor Smith, le PDG d’Atomic-6. « On a tenté le coup pour fabriquer une tuile, et on a été époustouflés par les résultats des tests. »
Les deux atouts majeurs de Space Armor
Ce nouveau bouclier spatial ne se contente pas d’être plus performant. Il résoudrait les deux problèmes majeurs de son prédécesseur.
Le premier est qu’il laisse passer les communications, et c’est une première mondiale. En effet, le bouclier est transparent aux radiofréquences (RF). « On a créé les premiers radômes [coques de protection d’antenne] capables d’arrêter les débris orbitaux », précise Trevor Smith. En clair, on peut enfin protéger les équipements de communication les plus sensibles sans couper le signal. « Vous n’avez plus à sacrifier les communications pour protéger votre vaisseau spatial. »

Deuxièmement, et c’est l’autre atout décisif, il ne crée pas de nouveaux débris. Atomic-6 a mené des tests d’hypervélocité, en tirant des projectiles à plus de 7 km/s (la vitesse orbitale) et les résultats sont sans appel. Là où une plaque d’aluminium explose et projette des éclats secondaires, le Space Armor absorbe le choc. Il stoppe le débris sans générer de « pollution » supplémentaire. Il protège le satellite sans mettre en danger les autres.
Plus léger, plus fin et bientôt dans l’espace
Atomic-6 ne s’est pas arrêté là. Leurs tuiles composites, proposées en forme hexagonale (mais modulables à la demande), sont aussi plus efficaces. L’entreprise propose deux gammes : Space Armor Lite et Space Armor Max.
La version Lite est conçue pour stopper les débris jusqu’à 3 mm. Cela représente tout de même 90% de tous les débris menaçants en orbite basse (LEO). La variante Max, calibrée pour les conditions extrêmes, est capable de résister à des impacts de 12,5 mm. Elle est pensée pour la protection des stations spatiales habitées.
Selon la société, à protection égale, le Space Armor Lite serait « environ 30 % plus léger et 15 % plus fin » que les vieux boucliers en aluminium. Un gain de masse crucial dans le spatial.
Le projet, soutenu par la U.S. Space Force, a passé ses qualifications au sol. Il devrait prendre son envol dès l’année prochaine, embarqué sur des satellites clients pour un test en conditions réelles. « L’orbite est déjà pleine de « canons naturels » », ironise le PDG. L’intérêt est palpable et ce « gilet pare-balles » spatial espère bien devenir le nouveau standard pour survivre au Far West orbital.
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Source :
Space.com