Au nom de la sécurité nationale, le gouvernement américain a mis en place des restrictions de plus en plus services concernant l’exportation de puces puissantes vers la Chine.
Entre la crainte de les voir utilisées pour de mauvaises raisons (usages militaires qui se retourneraient contre les USA, non respect des droits de l’Homme) et la volonté de freiner les progrès technologiques rapides de l’Empire du Milieu, un véritable embargo s’est mis en place à plusieurs niveaux, des puces elles-mêmes à l’accès aux grands fondeurs internationaux et aux équipements de lithographie DUV et EUV pour éviter que l’industrie chinoise des semi-conducteurs ne rattrape trop vite son retard.
Les restrictions ont des effets globaux directs qui freinent effectivement la Chine mais le pays a de la ressource et se dépêche d’accumuler du stock avant la mise en oeuvre des restrictions tout en développant ses propres solutions.
La sécurité nationale US avant tout
L’irruption du processeur mobile Kirin 9000S gravé en 7 nm dans les smartphones Huawei Mate 60 en est un symbole qui montre à la fois les possibilités (graver des puces en 7 nm quand les mesures sont censées empêcher la gravure en-dessous de 14 nm) et les limitations (coûts élevés de production, faibles rendements et le besoin d’aides d’Etat conséquentes) de ce que peut faire l’industrie.
Dans le même temps, ces restrictions bloquent les immenses opportunités de revenus associées au secteur de l’intelligence artificielle, en effervescence en Chine et ailleurs.
Le groupe Nvidia, leader dans le domaine des composants IA, essaie tant bien que mal de limiter la casse en adaptant ses puces et en abaissant leur puissance pour continuer de pouvoir les vendre en Chine.
A chaque nouvelle annonce de durcissement des restrictions, Nvidia lance de nouvelles variations pour rester au contact de la Chine, ce qui commence à agacer les autorités.
Nvidia, entre respect des consignes et tentation des revenus
Lors d’une conférence en Calfornie, la secrétaire au commerce des Etats-Unis Gina Raimundo a adressé une pique en direction de Jensen Huang, patron de Nvidia, en soulignant que « protéger notre sécurité nationale importe plus que générer des revenus de court-terme« , rapporte Fortune.
Elle a indiqué à Nvidia que chaque redesign de puces IA pour les faire accepter en Chine sera aussitôt contrôlé. Il faut dire qu’à chaque restriction annoncée, Nvidia a aussitôt dégainé des alternatives.
La secrétaire au Commerce n’a pas hésité à affirmer que la problématique de sécurité nationale vis à vis de la Chine « est la plus grande menace que nous ayons jamais eue et nous devons répondre présents« .
Depuis plusieurs mois, des critiques ont commencé à s’élever face au comportement de Nvidia. La firme Cerebras, qui produit des processeurs de milliers de coeurs sur wafer, avait été particulièrement critique…avant d’être rattrapé à son tour sur la connivence potentielle d’un de ses clients avec le gouvernement chinois.