le groupe suédois Embracer rachète à Square Enix les studios créateurs de « Tomb Raider » et « Deus Ex »

le groupe suédois Embracer rachète à Square Enix les studios créateurs de « Tomb Raider » et « Deus Ex »


Trois cents millions de dollars, soit 285 millions d’euros : c’est le prix auquel le groupe suédois Embracer a annoncé, lundi 2 mai, s’apprêter à racheter les divisions nord-américaines de l’éditeur de jeu vidéo japonais Square Enix.

Le rachat devrait être effectif au troisième trimestre 2022 et achèvera de faire d’Embracer un mastodonte du jeu vidéo – et du jeu, tout court. En effet, outre une centaine de studios de jeux vidéo déjà dans son giron, parmi lesquels Gearbox (Borderlands), 4A Games (Metro Exodus), Volition (Saints Row), Free Radical Design (TimeSplitters), DigixArt (Road 96), Dambuster Studios (Dead Island 2), Saber Interactive (World War Z), Gunfire Games (Darksiders), 3D Realms (Bombshell), Flying Wild Hog (Shadow Warrior) ou Piranha Bytes (ELEX), Embracer est également propriétaire d’Asmodee, principal éditeur de jeux de société en France, qu’il a racheté en 2021 au prix fort de 3 milliards d’euros.

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Avec le rachat, cette fois, des filiales nord-américaines de Square Enix, le groupe suédois ne se paye pas que des studios de jeux vidéo comptabilisant plus de mille employés à eux trois : il acquiert surtout un catalogue de plus de cinquante jeux, ainsi que de nombreuses propriétés intellectuelles, certaines comptant parmi les plus prestigieuses de l’industrie – Deus Ex, Thief, Legacy of Kain et, surtout, Tomb Raider.

Comme détaillé par Square Enix lundi dans un communiqué de presse, l’entreprise japonaise reste propriétaire des marques Just Cause, Outriders et Life is Strange. Elle explique également que cette transaction de 300 millions de dollars devrait lui permettre « d’investir dans la blockchain, l’intelligence artificielle et dans le cloud ».

Un prix qui a toutefois pu surprendre les observateurs, alors que ces derniers mois ont vu les ventes des sociétés Zynga (acheté par Take-Two Interactive pour 12,7 milliards de dollars) et de Zenimax Media et d’Activision Blizzard (achetés par Microsoft, respectivement 8,1 milliards et 68,7 milliards de dollars) atteindre des niveaux records. Même Embracer avait, en 2020, déboursé 525 millions de dollars (499 millions d’euros) pour acquérir Saber Interactive, un studio au CV moins reluisant, alors spécialisé dans le portage sur de nouveaux supports de jeux déjà existants.

Deux studios historiques

En comparaison, le faible montant de cette dernière opération est donc d’autant plus étonnant que, outre Square Enix Montréal, un studio fondé en 2011 et chargé de développer des jeux mobiles (notamment la série des « Go » : Hitman Go, Lara Croft Go et Deus Ex Go), Embracer met surtout la main sur deux studios historiques : le californien Crystal Dynamics et le canadien Eidos Montréal.

Fondé en 1992, Crystal Dynamics est au départ surtout connu pour Gex, un jeu de plate-forme destiné à la console 3DO, plus graphiquement impressionnant que ludiquement marquant. Après avoir rejoint en 1998 l’écurie Eidos Interactive, le studio révèle son plein potentiel en commençant à travailler sur la série Legacy of Kain, dont il signera la plupart des épisodes jusqu’en 2004.

Premier jeu important de Crystal Dynamics, « Legacy of Kain : Soul Reaver » est réalisé par Amy Hennig, qui s’imposera plus tard comme une créatrice majeure de l’industrie en réalisant et en écrivant les trois premiers « Uncharted ».

Fort de ces succès, il récupère en 2006 la licence Tomb Raider, confisquée à ses créateurs, le studio britannique Core Design, lui aussi propriété d’Eidos. Crystal Dynamics signe alors une trilogie de nouveaux épisodes bien reçue par la critique, qui redonne un coup de jeune à l’icône à l’aura alors esquintée.

En 2009, Eidos Interactive est rachetée par Square Enix, qui cherche à diversifier son catalogue, jusque-là très tourné vers le marché japonais. Une seconde trilogie Tomb Raider est alors mise en chantier, dont Crystal Dynamics développera les deux premiers épisodes : le succès critique est plus grand encore, même si les ventes s’essoufflent progressivement. Après le carton de l’épisode initial, chaque suite réalise des ventes 20 % à 25 % inférieures à celle de l’opus précédent.

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Coup dur pour le studio californien, auquel succède l’échec de son adaptation de l’univers des Avengers, de Marvel : très critiqué à sa sortie en 2020, c’est un flop qui coûte plusieurs dizaines de millions de dollars à Square Enix. Actuellement, outre un reboot de la série de jeux de tir Perfect Dark développé pour le compte de Microsoft, Crystal Dynamics travaille sur un nouvel épisode de la série Tomb Raider, dévoilé le 5 avril 2022.

De son côté, le studio canadien Eidos Montréal a été fondé en 2007, quinze mois à peine avant que sa maison mère britannique ne soit rachetée par Square Enix. Pour le compte du groupe japonais, lui aussi travaillera jusqu’en 2016 à donner de nouveaux épisodes à une série vieillissante et néanmoins adorée des joueurs : les jeux de rôle et d’action Deus Ex.

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Avec moins de succès que Crystal Dynamics cependant, puisque après deux épisodes seulement, Eidos Montréal se voit plutôt confier le développement du dernier opus à ce jour de Tomb Raider (Shadow of the Tomb Raider, 2018). Depuis, il a apporté son aide à Crystal Dynamics sur le jeu Avengers, avant de développer sa propre adaptation de l’univers Marvel, un Guardians of the Galaxy chaudement accueilli par la critique en 2021.





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