L’application TikTok ne fonctionne plus depuis jeudi 18 avril au Kirghizstan, à la demande des services de sécurité de ce pays d’Asie centrale, qui l’ont justifiée par la nécessité de « protéger la santé des enfants ».
A chaque tentative de se connecter à TikTok, le message « Chargement impossible, veuillez réessayer » s’affiche sur l’écran d’accueil noir de l’application, ont constaté des journalistes de l’Agence France-Presse dans ce pays voisin de la Chine, qui compte quelque 7 millions d’habitants.
Mardi, le ministère du numérique kirghiz avait annoncé avoir « fait part aux opérateurs de télécommunications de la nécessité de limiter l’accès à TikTok, sur la base d’une décision des services de sécurité », connus sous le sigle GKNB et dirigés par Kamchybek Tashiev, selon un communiqué. Selon le ministère, le réseau social, propriété du groupe chinois ByteDance, « ne respectait pas » un article de loi sur « les mesures visant à prévenir les atteintes à la santé des enfants et à leur développement physique, intellectuel, mental, spirituel et moral ».
Une décision qui « restreint le droit à l’information »
L’ONG Reporters sans frontières s’était dite « inquiète de cette décision qui restreint le droit à l’information sous prétexte de protéger les mineurs ». L’organisation avait appelé le « gouvernement à lever ce blocage discrétionnaire et définir un cadre légal clair pour réguler les plates-formes ».
Le blocage de TikTok intervient alors que les autorités du Kirghizstan ont été accusées, ces derniers mois, par des ONG de vouloir renforcer leur contrôle sur la société civile. En août 2023, le ministère de la culture avait déjà fait planer la menace d’interdire TikTok, assurant avoir reçu « de nombreuses demandes d’ONG inquiètes de [ses] effets néfastes sur les enfants ».
Parmi les cinq ex-républiques soviétiques d’Asie centrale, où la liberté d’expression reste limitée et l’opposition politique quasi inexistante, le Kirghizstan a longtemps fait figure d’exception. Mais ces derniers mois, les autorités kirghizes ont arrêté plusieurs journalistes, suspendu à plusieurs reprises des médias privés et adopté une loi semblable au modèle russe sur les « agents de l’étranger », renforçant l’emprise du gouvernement sur les ONG.