Le temps a passé depuis que les conducteurs de Tesla se saluaient d’un appel de phares ou d’un signe de la main. Le sentiment de faire partie d’un groupe à part n’est plus le même lorsqu’on se trouve au volant du modèle de voiture le plus vendu sur l’année 2023 (1,2 millions d’unités). Pourtant, tous les Model Y ne se valent pas et si chacun a ses avantages et ses défauts (puissance ou autonomie, pour le dire vite), il en est un qui semble proposer un parfait compromis, à un prix attractif qui plus est. Cet élu porte le nom de ses atouts : Model Y Grande Autonomie Propulsion. Tout est dit. Mais si ce mariage apparaît solide sur le papier, l’est-il autant en réalité ?
Grande autonomie et Propulsion : le combo parfait ?
Pourquoi cette version relativement récente de la Model Y semble-t-elle cocher toutes les cases ? Ici tout est question de rapport qualité/prix. À 44 990 euros, cette version du SUV de Tesla est non seulement éligible au bonus écologique (- 4 000 euros jusqu’à la fin de l’année), mais elle dispose également d’une autonomie conséquente. Finalement, le seul compromis auquel le propriétaire doit consentir revient à faire l’impasse sur l’un des deux moteurs pour ne garder que celui sur les roues arrières. La belle affaire… Lorsqu’on est capable de telles accélérations (le 0 à 100 km/h s’effectue en 5,9 secondes, soit 1 seconde de mieux que la version Propulsion et 0,9 seconde de moins que la version Grande Autonomie), la puissance disponible parait suffisante. Ces accélérations fulgurantes se conjuguent avec la meilleure autonomie de la gamme (600 km lorsqu’on est chaussé des jantes Gemini de 19’’).
Dès lors, la question qui pourrait se poser est : pourquoi choisir une autre version que la Grande Autonomie Propulsion ? À moins d’avoir un intérêt spécifique pour le modèle Performance, cette question ne se pose pas en réalité.
Une nouvelle version qui se fait attendre
En matière d’esthétique, les choses évoluent plutôt lentement chez Tesla. Il n’y a donc pas une énorme différence entre la première version du Model Y que nous avions testé en 2021, lors de sa commercialisation en France, et cette version estampillée 2024. Du moins en apparence, car si les traits extérieurs sont à peu près identiques, bien des détails ont varié à l’intérieur.
Car en trois ans, les choses ont eu le temps de changer. Pas tant à l’extérieur qu’à l’intérieur où l’habitacle a gagné en qualité perçue. Bien entendu, l’élément central à bord reste le grand écran de 15 pouces au format paysage, à la fois centre de contrôle de la voiture et principal moyen d’interaction avec elle. Principal avantage : il est idéal à l’arrêt ou lors des phases de recharge pour profiter des nombreux médias disponibles tels que Netflix ou YouTube. Inconvénient majeur : il sert aussi d’écran d’instrumentation et oblige le conducteur à jeter des coups d’œil réguliers sur sa droite pour connaître sa vitesse. Nous ne reviendrons pas ici en détail sur le fonctionnement et les bonnes idées de Tesla OS, l’interface et le système d’exploitation des Tesla ont fait l’objet d’analyses approfondies lors de nos tests précédents, que ce soit au volant d’une Model 3 ou d’un Model Y. Nous nous concentrerons dans cet article sur les nouveautés ou… l’absence de nouveautés.
Le fait est que les observateurs de la marque attendent un renouvellement important du Model Y depuis de longs mois déjà. La Model 3 a eu droit à une cure de jouvence bienvenue. Celle-ci se fait attendre sur le SUV, ce qui explique aussi sans doute pourquoi son constructeur multiplie les niveaux de finition.
Pour le reste, le Model Y garde ses qualités intrinsèques, c’est-à-dire un espace à bord conséquent dans lequel 5 passagers peuvent voyager en tout confort. Mais aussi un coffre gigantesque de 858 L auxquels viennent s’ajouter les 117 du « frunk », le coffre situé à l’avant sous le capot.
Paris – Vendée en Tesla Model Y Grande Autonomie Propulsion
Quoi de mieux pour tester l’autonomie d’une routière supposée que de prendre la route justement. Nous avons décidé de mettre le Model Y à l’épreuve sur un trajet que nous empruntons souvent pour nos essais et qui mène de la région parisienne à la côte vendéenne. 479 km, de l’autoroute principalement, que les meilleurs modèles de véhicules électriques parviennent à relier en un seul arrêt et quelques 30 mn de recharge.
Et c’est sans doute sur ce type de trajets que cette version du Model Y est le plus à l’aise. Pourquoi ? Tout simplement parce que ces itinéraires mettent également en relief les avantages sur lesquels la marque américaine a bâti sa réputation. Celle-ci tient sur trois axes :
- Une consommation contenue
- Un réseau de Superchargeurs dense et efficace
- Un planificateur d’itinéraires infaillible
Et de fait, à l’aller comme au retour, nous avons pu vérifier que sur ces trois points précis, le Model Y ne pouvait pas être pris en défaut. Notre consommation moyenne sur autoroute s’est ajustée pile sous les 20 kWh/100 km, soit un excellent score, surtout lorsqu’on considère le gabarit du véhicule. Sur ce point, malgré les progrès des autres acteurs de l’industrie, Tesla garde une longueur d’avance. Pour ce qui est des superchargeurs, l’équation est identique. Tesla a construit son succès année après année et dispose aujourd’hui d’un réseau très dense en France et en Europe. Seul bémol : très souvent, ces bornes nombreuses et efficaces ne se trouvent pas sur l’itinéraire principal et demandent à sortir de l’autoroute le temps de la recharge. C’est un petit surplus de quelques minutes qu’il faut ajouter à un trajet réalisé avec une voiture électrique concurrente, à moins bien sûr d’opter pour une recharge chez un opérateur classique (Ionity, TotalEnergies, Engie, Fastned, etc.). Notons tout de même que l’environnement autour des Superchargeurs évolue lui aussi au fil des années. Il y a six ans, lorsque nous avons réalisé ce même trajet en électrique pour la première fois, c’était à bord d’une Tesla Model S. La charge de mi-parcours s’était faite sur un parking sans âme d’un centre commercial en bordure de l’A11. Six ans plus tard, nous nous retrouvons à quelques kilomètres de là, dans un environnement bien plus accueillant, à quelques pas d’un hôtel partenaire qui propose café et sanitaires aux utilisateurs des Superchargeurs. Quant à la charge en elle-même, nous en avons effectué deux arrêts, un à l’aller, l’autre au retour, d’une durée comprise entre 30 et 40 mn. La faute à des bornes qui n’ont pas souhaité délivrer plus de 150 kW, alors que la puissance théorique de la Model Y Grande Autonomie Propulsion se situe à 250 kW.
Mais la cerise sur le gâteau, c’est évidemment le planificateur d’itinéraires, capable de calculer avec précision quand effectuer son arrêt, combien de temps y rester et l’autonomie restante à l’arrivée. Mais l’outil de Tesla ne se contente pas simplement de proposer une feuille de route fiable, il la modifie quasi immédiatement en fonction des choix du conducteur. Que celui-ci change de route ou qu’il décide de zapper la première charge indiquée ne met pas en défaut le planificateur comme pour bon nombre de ses concurrents, au contraire, ce dernier se charge de proposer immédiatement une alternative tout aussi crédible. Ce n’est pas compliqué, en 2024 Tesla dispose toujours du meilleur planificateur d’itinéraires du marché. En dehors de Google Maps, lorsqu’il est associé à Google Automotive (comme chez Renault), il n’a pas vraiment de concurrent sérieux.
Il faudra donc ranger la Model Y Grande Autonomie Propulsion dans cette catégorie des routières électriques. Le SUV californien s’est tiré d’affaires de notre périple autoroutier et il l’a fait haut la main.
Le Model Y sur la route, ça vaut quoi ?
Cette version du Model Y ne modifie pas radicalement les sensations de conduite au volant du SUV de Tesla. Les forces de la voiture la plus vendue de l’an dernier sont désormais bien connues : un confort intéressant sur les longs trajets, des accélérations fulgurantes et une bonne tenue de route dans l’ensemble. Quant à ses limites, l’amortissement à faible allure et un rayon de braquage important, elles sont elles aussi bien documentées. Sur ce point, la version Grande Autonomie Propulsion ne réserve aucune surprise. Il s’agit donc d’un SUV électrique dynamique et particulièrement agréable à conduire.
Verdict de l’essai :
En attendant la sempiternelle nouvelle version du Model Y, cette finition Grande Autonomie Propulsion semble être et de loin le choix le plus adéquat. Cela vaut pour Tesla bien sûr, mais cette équation pourrait être appliquée au reste du marché. Qui d’autre aujourd’hui propose un tel rapport qualité/prix/autonomie ? À vrai dire, pas grand monde. Renault, avec son Scénic 100 % électrique, s’en rapproche et affiche d’autres arguments comme son interface Google ou le tampon « made in France », mais c’est à peu près le seul modèle actuel capable de supporter la comparaison.
Pour le reste, le Model Y Grande Autonomie Propulsion s’affiche tout simplement comme le modèle de voiture électrique le plus intéressant du moment, dans cette gamme de prix… voire le modèle le plus intéressant tout court.
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