Un compte à rebours a été lancé. L’Autorité des télécommunications pakistanaise (PTA) a annoncé mercredi avoir donné à Wikipédia jusqu’à vendredi 3 février au soir pour retirer un contenu jugé « blasphématoire » de ses pages en ligne, menaçant dans le cas contraire de couper l’accès au site Internet sur son territoire. L’autorité n’a pas donné de détails sur le contenu en question.
Dans l’intervalle de l’ultimatum, l’accès à l’encyclopédie participative a été restreint dans le pays, cette dernière ne fonctionnant qu’en mode « dégradé », a fait savoir la PTA.
Censure à répétition de plusieurs réseaux sociaux
Au Pakistan, les défenseurs de la liberté d’expression critiquent depuis longtemps la censure imposée par les différents gouvernements et leur contrôle d’Internet et des médias.
Par le passé, des géants des réseaux sociaux ont déjà été bloqués pour le même motif, dans ce pays musulman où la question du blasphème est particulièrement sensible. Il en va de même pour certaines pages de Wikipédia.
L’accès à Facebook a ainsi été rendu impossible pendant deux semaines en 2010 après la publication d’un contenu supposément blasphématoire. De son côté, YouTube y est resté inaccessible de 2012 à 2016 en raison d’un film anti-islam dont la diffusion avait mené à l’époque à des violences qui avaient entraîné la mort de plusieurs personnes.
En 2014, Twitter avait accepté la demande du Pakistan en bloquant pour la première fois l’accès à des contenus considérés comme portant atteinte à l’islam. Plus récemment, la populaire plateforme de partage de vidéos TikTok a été bloquée à plusieurs reprises dans le pays pour des contenus jugés « indécents » et « immoraux ».
« L’interdiction est disproportionnée, inconstitutionnelle et franchement ridicule », a estimé Usama Khilji, un défenseur des droits numériques, ajoutant au sujet de la menace d’interdiction de Wikipédia : « Cela affectera les étudiants, le monde universitaire, le secteur de la santé, les chercheurs, et limitera la confiance des investisseurs dans le Pakistan en raison de l’incertitude et de l’arbitraire de la censure. »