Il n’y aura pas de GPT-5 avant un moment, a expliqué Sam Altman, l’homme à la tête d’OpenAI – la société américaine qui a développé ChatGPT. Le PDG s’exprimait pour la première fois sur la lettre demandant l’arrêt de l’IA.
C’est un silence que vient enfin briser Sam Altman, le PDG d’OpenAI, à l’origine de ChatGPT. Lors d’un événement organisé au Massachusetts Institute of Technology (MIT) vendredi 14 avril, l’homme à la tête du chat conversationnel le plus populaire du moment a fait passer deux messages : non, son entreprise ne travaille pas sur une nouvelle version de ChatGPT (GPT-5). Et oui, les termes de la lettre appelant à faire une pause de six mois dans le développement d’outils d’IA sont critiquables. C’est la première fois que le patron de 37 ans s’exprimait sur le moratoire signé par une partie du secteur de l’IA et de la tech. Le texte visait, en filigrane, l’outil par qui la révolution de l’IA générative est arrivée : ChatGPT. Cet agent conversationnel permet de générer des textes et de répondre à des questions très variées. La scène du PDG s’exprimant à distance devant les étudiants a été diffusée par l’un d’entre eux, sur son compte Twitter.
Today at MIT: Sam Altman and Lex Fridman round 2 whereby Sam confirms that there is no gpt5 in the works and responds to the letter calling for a 6 month halt in AI. @sama @lexfridman @MIT pic.twitter.com/vajkoFuSMQ
— Amy Robinson Sterling (@amyneurons) April 13, 2023
Le co-fondateur d’OpenAI a d’abord voulu rassurer : non, son entreprise ne travaille pas pour l’instant sur une nouvelle version de ChatGPT, GPT-5. Il estime que ça ne sera pas le cas « avant un certain temps » – ce qui a de quoi surprendre car dans la course à l’IA générative, l’entreprise ne compte certainement pas perdre son avance et se faire rattraper par ses nombreux concurrents. Cela ne signifie pas pour autant que tout travail de développement soit arrêté : les ingénieurs de cette société travaillent bien à améliorer les capacités de GPT-4 – notamment en termes de sécurité, a précisé le PDG. Malheureusement, personne ne lui a demandé la différence entre « l’amélioration des capacités de GPT-4 » qui serait en cours, et la « montée en gamme d’une version appelée GPT-5 » qui ne serait pas à l’ordre du jour – différence qui pourrait paraître plus que ténue.
Sam Altman se défend de toute précipitation
Mais surtout, le dirigeant a pris soin de défendre la dernière version de ChatGPT (GPT-4) sortie mi-mars, expliquant que l’entreprise avait passé plus de six mois à entraîner GPT-4 avant de la rendre accessible. Pendant ce laps de temps, les ingénieurs en ont étudié la sécurité, ont réalisé des audits externes et ont cherché à comprendre le processus et atténuer les problèmes, se défend-il. Le résultat, estime-t-il, c’est que l’agent conversationnel est l’outil le plus performant et de loin le plus sûr – en référence à Bard, son principal concurrent, qui n’est pas encore au niveau de ChatGPT.
Sam Altman a néanmoins reconnu que la barre de sécurité devait être relevée. Dans une interview donnée à ABC News le 20 mars dernier, le PDG avait déjà expliqué être « particulièrement inquiet que ces modèles puissent être utilisés pour la désinformation à grande échelle. […] ou pour des cyber-attaques offensives. »
« La lettre (n’est pas) le meilleur moyen de parvenir » à une meilleure sécurité, et à de la prudence
Et il en a surtout profité pour critiquer les termes de la lettre appelant à un moratoire sur l’IA, déplorant notamment son manque de nuances techniques. Sur quels points précis et spécifiques la pause est-elle nécessaire, a-t-il demandé en substance. « Je pense qu’il est très important d’agir avec prudence et de renforcer la rigueur en matière de sécurité. Je ne pense pas que la lettre soit le meilleur moyen d’y parvenir », a-t-il taclé.
Le co-fondateur d’OpenAI a aussi parlé philosophie. Selon lui, l’IA aura bien un impact sur tout un chacun. « Notre objectif est d’amener le monde à s’engager dans la voie (de l’IA), à y réfléchir et, progressivement, à mettre à jour et à créer de nouvelles institutions ou à adapter les institutions existantes afin de déterminer l’avenir que nous souhaitons tous », a-t-il déclaré, un brin sibyllin.
La lettre signée il y a quelques semaines par un millier de personnalités s’inquiétait du développement de ChatGPT d’OpenAI et de ses concurrents qui pourraient conduire à une désinformation généralisée et à la suppression d’emplois. La lettre a été ensuite critiquée par de nombreux acteurs de l’industrie, y compris par un certain nombre de signataires. Aucun consensus ne semble émerger, pour l’instant, sur la manière dont cette pause pourrait avoir lieu.