Le monde est encore loin d’être sorti des énergies fossiles mais un cap symbolique pourrait être à portée de vue. L’Agence Internationale de l’Energie (AIE) suggère que la demande en pétrole va continuer d’augmenter ces prochaines années mais avec une marge de progression très ralentie.
Cela pourrait conduire à un pic pétrolier, ou Peak Oil en anglais, année de plus forte consommation avant la stagnation puis la baisse de la demande pour la ressource, à partir de 2028. Lors de ses précédentes analyses, l’AIE estimait ce moment plutôt vers 2035.
Entre-temps, la crise énergétique accentuée par le conflit entre l’Ukraine et la Russie, les incertitudes économiques mondiales et les effets plus visibles du changement climatique ont modifié les projets des investisseurs en accélérant les financements de projets d’énergies vertes et en modifiant les stratégies des gouvernements vis à vis des énergies fossiles.
La pétrochimie maintient une demande soutenue
L’Agence mondiale observe que la demande de pétrole pour les carburants des moyens de transport devrait se réduire après 2026 sous l’effet de la croissance des ventes de véhicules électriques et des politiques engagées en faveur de la transition du thermique vers l’électrique.
Toutefois, les besoins en pétrochimie et production de plastiques restent élevés et contribuent, de même qu’une demande forte pour assurer la croissance des économies émergentes, au maintien d’une augmentation des capacités d’extraction pétrolières mais avec un rythme de plus en plus ralenti : de 2,4 milliards de barils / jour supplémentaires en 2023, la demande ne progressera que de 0,4 milliard de barils / jour en 2028, avant de décroître, prédit l’AIE.
L’extraction toujours en croissance
En attendant, la demande en pétrole devrait continuer de connaître une croissance de 6% entre 2022 et 2028 pour atteindre une extraction maximale de 105,7 milliards de barils / jour à cette échéance.
« La transition vers une économie d’énergies propres s’accélère, avec un pic de la demande en pétrole en vue avant la fin de la décennie, alors que les véhicules électriques, l’efficacité énergétique et d’autres technologies progressent« , indique le directeur exécutif de l’AIE Fatih Birol, appelant les producteurs de pétrole à anticiper cette évolution et leurs investissements pour se laisser suffisamment de marge tout en tenant compte de l’évolution générale du marché de l’énergie.
L’Agence note en particulier que les investissements pour l’extraction du pétrole et du gaz vont atteindre des records cette année et sont en phase avec l’augmentation de la demande des prochaines années mais pas avec l’objectif de réduire les émissions de gaz à effet de serre.
La même AIE soulignait en mai la progression des capacités de production d’énergies renouvelables, notamment en solaire et en éolien, partout dans le monde, aussi dans un contexte de recherche d’indépendance énergétique après les tensions sur les sources d’approvisionnement liées au conflit ukrainien.