Le système européen de positionnement par satellite Galileo est né dans la douleur, en retard et après bien des péripéties mais il permet à l’Europe de posséder une souveraineté en matière de système GNSS qui ne la rend plus complètement dépendante du GPS américain.
Le positionnement par satellite est par ailleurs porteur de puissantes opportunités économiques (navigation d’une destination à une autre, logistique, maillage…) dont la valeur dépendra aussi de la précision des mesures fournies.
Pour préparer les capacités avancées de positionnement, l’Agence spatiale européenne (ESA) vient de confier à l’industrie aérospatiale européenne deux missions d’importance : Genesis et LEO-PNT qui vont permettre d’affiner grandement le degré de précision.
Et pour affiner les mesures de la constellation Galileo positionnée à haute altitude (23 000 kilomètres environ), l’idée est de mettre en place des réseaux secondaires placés cette fois en orbite basse.
Genesis, de l’ultra précision pour l’ITRF
Le contrat Genesis signé pour 76 millions d’euros va permettre de concevoir et lancer un satellite scientifique d’ici 2028 capable de mesures de positionnement précises au millimètre près pour les besoins du Cadre international de référence terrestre (ITRF) servant de référence à de nombreux domaines, de la météorologie à la gestion du trafic en passant par les véhicules autonomes et les effets du changement climatique.
Satellite Genesis
Genesis utilisera divers instruments scientifiques pour obtenir une grande précision mais aussi une bonne stabilité des résultats dans le temps. Le satellite permettra par ailleurs d’étudier les éventuels points de faiblesse des techniques de mesure pour évaluer leur domaine de fonctionnement idéal.
De son côté, LEO-PNT (Low Earth Orbit Positioning Navigation and Timing) est constitué de deux contrats de 78 milions d’euros chacun pour concevoir deux démonstrateurs de satellites en orbite basse (avant de constituer une constellation) utilisant de nouvelles bandes de fréquence et capables de combiner leurs signaux avec Galileo (et EGNOS, le système d’amélioration de position de Galileo) et d’autres systèmes GNSS pour en améliorer la précision jusqu’au centimètre près.
LEO-PNT, le renforcement du positionnement par l’orbite basse
En plus d’affiner les mesures de positionnement, elle pourra couvrir des zones que Galileo ne peut atteindre, comme des canyons urbains dans les centre-villes, voire en intérieur.
Satellites LEO-PNT
La constellation de satellites LEO-PNT pourra aussi par la suite assurer une interopérabilité avec les réseaux cellulaires 5G et 6G qui permettront à plus long terme de faire fonctionner des services nécessitant une faible latence.
Les deux missions Genesis et LEO-PNT sont donc porteuses d’enjeux économiques et stratégiques forts qui veulent en même affirmer les ambitions de l’Europe en matière aérospatiale, dans un temps où elle est malmenée par le trou d’air provoqué par la fin d’Ariane 5 depuis l’été 2023 et le début d’Ariane 6 prévu cet été, la laissant sans lanceur standard ou lourd, tandis que le lanceur léger Vega-C a lui aussi pris du retard.