Le procès d’une importante affaire d’arnaque au faux dépannage informatique vient de s’ouvrir ce lundi 13 mai à Paris. Quinze prévenus – pour seulement huit présents, dont trois détenus – sont poursuivis dans cette affaire d’escroquerie qui fait suite à des investigations menées par les services de police judiciaire de la police de Montpellier et de Nancy.
Ils sont soupçonnés d’avoir piégé des milliers de victimes en se faisant passer pour des réparateurs en informatique.
Leur cible avec ces fenêtres pop-up agressives? Des personnages âgées peu à l’aise avec l’informatique. L’arnaque au faux support technique est bien connue. Après avoir simulé le blocage de l’ordinateur de leur victime, ces escrocs facturent des prestations inexistantes. Il suffit bien souvent de redémarrer son ordinateur pour se débarrasser du problème.
Des milliers de victimes
Ce n’est pas le premier procès du genre. En février dernier, le blanchisseur d’un réseau d’arnaque similaire avait été condamné à trois ans de prison, dont deux avec sursis. Mais le dossier actuellement jugé jusqu’à la fin mai est de plus grande ampleur, avec davantage de mis en cause.
Tout avait commencé par des premières plaintes, à l’été 2020, suivies d’un signalement par le groupement d’intérêt public Cybermalveillance. Les enquêteurs remontent rapidement au gérant de la société « Wintech », créée en juin 2020 à Montpellier.
Le patron de l’entreprise explique alors voir été approché pour une connaissance qui souhaite lancer un business de formation informatique à distance. Ce dernier voulait démarcher, avec un centre d’appel basé en Tunisie, de futurs stagiaires en France, disait-il.
L’arnaque aurait rapporté au moins 1,2 million d’euros
Les policiers réalisent alors que les numéros de téléphone du faux support technique renvoient également vers d’autres services suspects, comme « SOS Bel », « SOS Infoline » ou encore « CallPower ». La « réparation » est facturée entre 150 et 500 euros environ.
Les fonds arnaqués sont ensuite dispersés à travers une myriade de sociétés, une façon, soupçonne l’accusation, de brouiller les pistes. Une entreprise très active, si l’on en croit l’enquête policière. Des milliers de victimes ont en effet été identifiées – 1700 environ ont déposé plainte. L’arnaque aurait ainsi rapporté au moins 1,2 million d’euros.
Troisième menace cyber
Malgré ce coup de filet, les fraudes au faux support technique représentent toujours la troisième menace cyber, selon les chiffres de Cybermalveillance publiés dans son dernier rapport d’activité. En 2023, cette structure avait décompté 12000 recherches d’assistance à ce sujet.
Les ressorts de cette arnaque n’ont guère changé, soulignait alors Cybermalveillance. Après un hameçonnage par email ou via des liens frauduleux sur des moteurs de recherche, l’escroquerie commence par une alerte anxiogène annonçant une infection par un virus informatique et demandant à appeler d’urgence un prétendu support technique.
Mais le mode opératoire des escrocs est cependant en train d’évoluer, remarquait également le groupement d’intérêt public. Il est désormais « beaucoup plus agressif », avec des tentatives de prise de contrôle des comptes bancaires en ligne, pour piller les économies des victimes. Ce qui se solde par des préjudices en forte hausse, passant de quelques centaines d’euros à plusieurs milliers ou dizaines de milliers d’euros.