Bluesky ouvre grandes ses portes, ont annoncé ses développeurs mardi 6 février dans un post sur leur blog. Le réseau social, qui rêve de supplanter X (ex-Twitter), n’était jusqu’ici accessible que sur invitation. Au cours de l’année écoulée, 3,2 millions d’utilisateurs avaient déjà rejoint ses rangs, qu’il s’agisse de curieux technophiles ou d’utilisateurs de Twitter déçus par les évolutions de la plate-forme depuis son rachat par Elon Musk. Lancé en février 2023, Bluesky propose en effet une expérience très proche du Twitter « historique », avec la possibilité de poster des messages de 300 signes, des images, des gifs animés, mais aussi de partager et de liker les posts d’autres utilisateurs.
Pour l’heure dépourvu de publicités, Bluesky ne propose pas non plus d’algorithmes par défaut : on n’y voit ainsi s’afficher, sur sa page d’accueil, que les messages des comptes auxquels on a choisi de s’abonner. Il est en revanche possible de concevoir ses propres algorithmes (Bluesky parle de feeds) selon ses goûts et de les partager avec les autres utilisateurs.
Malgré son système d’invitation contraignant, Bluesky a connu une forte croissance en 2023, rattrapant rapidement son retard sur Mastodon, un autre réseau social à la philosophie proche lancé en 2016. Il a cependant souffert de la concurrence de Threads, la plate-forme de microblogging de Meta, lancée en Europe le 14 décembre : si, début janvier, près de 150 000 utilisateurs postaient quotidiennement sur Bluesky, ce nombre tournait davantage autour de 125 000 à la veille de l’ouverture des portes au grand public.
A titre de comparaison, le nombre d’utilisateurs actifs de Threads est évalué à 130 millions, quand ils seraient encore, malgré les polémiques à répétition, 400 millions sur X. Reste à voir si le lancement progressif de la « fédération » promise de longue date par Jay Graber, la présidente de Bluesky, y changera quelque chose : un lancement initialement annoncé pour « début 2024 » et qui devrait finalement avoir lieu « dans le courant du mois » de février.
Une galaxie de réseaux sociaux
Car, avant Bluesky, il y a une technologie baptisée « protocole AT ». Né en 2019 dans l’imagination de Jack Dorsey, alors PDG de Twitter, le protocole AT est censé permettre à différents réseaux sociaux de fonctionner de manière décentralisée, connectés et néanmoins autonomes.
L’idée était alors de poser les bases d’une structure permettant à une galaxie de réseaux sociaux et autres plates-formes de communiquer entre eux, puis d’y fondre Twitter. Le rachat par Elon Musk fin 2022 en aura décidé autrement : privées du soutien financier et logistique de Twitter, les équipes du protocole AT ont alors lancé l’application Bluesky, censée servir désormais de vitrine à leur technologie.
Ils le promettent encore ce mardi, une première version « expérimentale » de cette fédération devrait être lancée avant la fin du mois. En théorie, celle-ci permettra à n’importe quel développeur ou entreprise de lancer son propre réseau social et de le connecter à Bluesky, de façon que les utilisateurs des deux réseaux puissent, de manière transparente, discuter et échanger.