Un rapport de la GAO (Government Accountability Office) avait déjà alerté de la situation le mois dernier, finalement la NASA vient de le confirmer : le programme Artémis prend du retard et les missions Artémis 2 et Artémis 3 sont officiellement reportées.
Si la mission Artémis 1 a été un succès pour la NASA et un bon signe pour l’envoi du programme tout entier, l’euphorie laisse place à plus de modération aujourd’hui.
Valider le fonctionnement du lanceur SLS dédié aux missions lointaines est certes une étape capitale du programme, mais procéder à des vols habités au-delà de l’orbite terrestre est une manoeuvre entourée de nombreux enjeux et contraintes qui nécessitent autant de temps que de budget.
Face au retard accumulé à divers niveaux, que cela soit du côté de la NASA comme de ses sous-traitants, l’agence spatiale américaine vient d’annoncer « ajuster notre calendrier pour viser Artémis 2 en septembre 2025 et septembre 2026 pour Artémis 3″. Les deux missions étaient respectivement prévues pour fin 2024 et fin 2025.
Rappelons les différentes missions du programme Artémis :
- Artémis 1 a décollé le 16 novembre 2022 à bord du SLS. Il s’agissait d’un vol sans équipage visant à valider les systèmes automatisés et procédures. En 6 semaines, la capsule Orion est allée faire le tour de la Lune avant de revenir sur Terre.
- Artémis 2 proposera un scénario similaire, mais cette fois, la capsule sera habitée par un équipage. Les astronautes feront le tour de la Lune sans s’y poser, avant de revenir sur Terre. Cela se passera donc désormais en septembre 2025.
- Artémis 3 sera la concrétisation du rêve américain de retourner poser le pied sur la Lune. Le SLS propulsera un alunisseur qui permettra à des femmes et hommes d’aller de nouveau fouler le sol lunaire, une première depuis la fin du programme Apollo en 1972. L’objectif sera de valider les procédures et le matériel pour envisager la construction d’une base lunaire plus durable servant à la fois de laboratoire spatial pour remplacer l’ISS, mais également point de départ pour des missions spatiales plus lointaines.
Le programme Artémis devrait ensuite se poursuivre à raison d’un lancement par an pour constituer la base lunaire et éprouver les systèmes et technologies liées aux vols spatiaux et à la survie en dehors de la Terre. L’objectif plus lointain étant l’envoi d’astronautes en orbite puis sur le sol de Mars.
Un programme entaché de retards
Si le SLS a validé plusieurs systèmes avec Artémis 1, il nécessite plusieurs années pour son assemblage. C’est pourquoi la NASA s’est tournée vers SpaceX et son lanceur Starship Super Heavy pour Artémis 2 et 3.
Malheureusement, le lanceur lourd d’Elon Musk n’est pas encore au point et n’a pas réussi à atteindre l’orbite terrestre pour le moment. SpaceX faisant la stratégie de l’apprentissage par l’échec, la firme devra réaliser encore quelques vols avant de faire valider son lanceur par la NASA.
Autre point de crispation : la réalisation des combinaisons lunaires ont déjà plus d’un an de retard. Confié à Axiom, le groupe n’a pas encore présenté de prototype pour validation et ne communique pas sur l’avancement du projet.
Voilà pourquoi la NASA doit réviser son calendrier, quitte à se faire dépasser par la Chine dont les ambitions lunaires vont grandissantes.